Tous les gouvernements des trente dernières années ont résisté aux pressions du FMI et de la Banque mondiale ou plutôt ont dû trouver des parades pour ne pas avoir à apporter le chapeau de la privatisation officielle de l’ED’H. Ils ont dépensé des millions de dollars chaque année afin de permettre à l’entreprise de survivre sans aucune perspective de sortir dans le rouge. Mais le pire dans cette affaire, c’est que l’ED’H, en dépit des sommes considérables injectées chaque année par le Trésor public haïtien et la Communauté Internationale, n’arrive pas à satisfaire le besoin de la population qui vit continuellement dans le noir. Finalement, l’Administration de Michel Martelly, pour calmer un peu les institutions financières internationales qui aident Haïti à subventionner sa compagnie de l’électricité, avait fait un premier pas vers l’ouverture du secteur à la concurrence sans jamais y parvenir faute de temps et aussi la pression du puissant syndicat des employés de l’ED’H.
Seulement 13% des abonnés payent leurs factures à ED’H. D’ailleurs, c’est l’un des problèmes de la Compagnie Nationale d’Électricité, la gestion de son courant électrique à travers le pays et dans les bidonvilles et les ghettos en particulier où les gens se contentent de se connecter sur les pilonnes électriques passant juste devant leurs maisons. Ce sera aussi l’un des gros problèmes à résoudre par les compagnies privées qui vont prendre sous peu le relais de l’ED’H qui, pour tous les spécialistes, ne pourront pas tenir le cap face à des compagnies privées dont le but premier demeure le profit. L’Électricité d’Haïti, malgré les critiques qu’elle encaisse au quotidien, reste avant tout une entité du service public. De ce fait, sa politique peu agressive envers les consommateurs peu fortunés entre dans la philosophie même d’un service public bien qu’elle soit une entreprise commerciale à caractère public. Avec l’arrivée bientôt sur le marché des entreprises qui, certes, existent déjà mais cantonnées seulement à la fourniture de l’électricité à l’ED’H qui la commercialise auprès des consommateurs, la donne va forcement changer.
L’électricité est disponible sur moins d’un quart du territoire d’Haïti. Ceci est un obstacle au développement économique et social.
Le marché de l’électricité en Haïti comprend cinq zones isolées. En dehors de Port-au-Prince, celles-ci sont alimentées par de petits générateurs. La production d’électricité dans les grandes villes est en grande partie assurée par des producteurs indépendants, qui jouissent d’un monopole sans concurrence.
Au début des années 1990, la Jamaïque, la République dominicaine et Haïti ont tous décidé de créer des réseaux nationaux d’électricité. La Jamaïque et la République dominicaine ont réussi, mais Haïti a échoué en raison de sa crise politique et économique, du faible soutien des bailleurs de fonds, et du manque d’intérêt consécutif des donateurs internationaux qui préfèrent financer des projets d’électrification de faible importance, hors réseau ou en micro-réseaux.
Aujourd’hui, les obstacles les plus importants au développement du secteur de l’électricité en Haïti sont la faiblesse des institutions, des systèmes et la pauvreté. Beaucoup de gens utilisent l’électricité sans payer, ce qui affecte gravement les revenus d’EDH et la rend incapable de financer l’amélioration des infrastructures.
Rapport :Haïti Priorise: Electricity Transmission, Pauyo