Nommé Premier ministre le 5 juillet environ vingt-quatre heures avant l’assassinat Jovenel Moïse, le Dr Ariel Henry n’a pas eu le temps de former son gouvernement et d’entrer en fonction. Aujourd’hui il se retrouve sur le banc de touche. Cependant, il revendique son droit de diriger la Primature. « Je ne veux pas mettre de l’huile sur le feu. Il faut éviter autant que faire ce peu que le pays s’enflamme », a avancé d’entrée de jeu Ariel Henry dans cette interview accordée mercredi soir au Nouvelliste.
« Monsieur Claude Joseph a fait un bon travail aujourd’hui que j’apprécie. Moi je suis un Premier ministre dont un arrêté a été pris en ma faveur au Moniteur et j’étais en train de choisir les membres de mon cabinet, on était même très avancé. Il faut que je continue, mais dans le contexte actuel je pense qu’il y a une opportunité de dialogue pour arriver à un accord qui nous permettra d’aller dans un meilleur climat aux élections et d’avoir un gouvernement aussi qui pourrait créer ce climat », a déclaré le Dr Ariel Henry.
Cependant, Ariel Henry ne partage pas certaines décisions prises par Claude Joseph ces dernières heures notamment l’état de siège qu’il a décrété sur tout le territoire. « Je ne pense pas qu’on soit dans une situation qui nécessite l’état de siège. Je pense que c’est un peu précipité. C’est mon point de vue », a-t-il soutenu.
« Un gouvernement démissionnaire est un gouvernement démissionnaire à ma connaissance. Ce n’est pas un gouvernement de plein exercice. S’il n’y avait pas la nécessité d’avoir un autre gouvernement je pense que le président Jovenel Moïse n’aurait pas été me rechercher ni faire les consultations. Il ne faut pas croire que le climat est devenu brusquement un climat apaisé », a avancé Ariel Henry.
Le médecin neurologue estime que dans cette situation « il y a lieu de s’asseoir. Je suis un Premier ministre nommé, Claude a été un Premier ministre intérimaire qui a repris ses positions de ministre des Affaires étrangères. Je pense qu’il faut qu’on se parle. Claude était censé rester dans le gouvernement que moi j’allais avoir. »
Pour Ariel Henry, Claude Joseph n’est plus Premier ministre. « Selon moi, il n’est plus Premier ministre. Il y-a-t-il plusieurs Premiers ministres nommés dans le pays ? », a-t-il demandé.
Existe-t-il un calendrier selon lequel vous complétez votre gouvernement qui vous permettra d’entrer en fonction ? A cette question du Nouvelliste, Ariel Henry a répondu en ces termes : « Il y avait un calendrier prévu avec le président Jovenel Moïse. Mais il est décédé. Je pense qu’il faut trouver un consensus avec tous les acteurs, je ne suis pas le seul maitre à bord… »
Ariel Henry croit qu’il faut discuter avec les acteurs impliqués, la classe politique et les 10 sénateurs encore en fonction.
Interrogé pour savoir s’il est en contact avec des acteurs de la communauté internationale, Ariel Henry déclare: « j’ai parlé à certains nombres de gens dans la communauté internationale ». Il n’a pas voulu apporter des précisions sur les personnes avec lesquelles il s’est entretenu. Il affirme toutefois qu’il est en contact constant avec Claude Joseph.
Pour Ariel Henry, l’assassinat du président Jovenel Moïse est épouvantable et inadmissible. « Ça m’a révolté et blessé. Le peuple s’est comporté de façon très digne face à cet acte barbare », a-t-il dit.