Le régime en place n’a pas d’argument à opposer au peuple qu’il opprime avec férocité, rien ne peut masquer l’étendue de son échec et de sa forfaiture. La mobilisation de moyens de propagande éculés et le rappel de pseudo-politiciens exhumés du très putschiste entourage ou de journalistes au langage tranché pour tenter d’atténuer l’image méta-stalinienne des médias officiels ne prennent pas sur une opinion parfaitement au fait des méthodes du régime.
La fin de la pandémie qui signifie la reprise des mobilisations populaires suscite le désarroi d’un pouvoir épuisé, à bout de souffle, incapable de se renouveler. Enfermé dans son bunker mental, politique, militarisé, le régime bégaie les fausses solutions – la révision constitutionnelle en est la caricature – inopérantes et sans lendemain. La stratégie de reconstruction d’une façade depuis longtemps effondrée comme en témoignent les nominations de troisièmes couteaux à la tête des partis politiques fantoches bute sur l’inexorable décomposition d’une organisation liberticide qui a conduit le pays dans une impasse totale. Ces gesticulations sans effet sur la réalité ne trouvent d’autres relais que chez de rares préposés officieux chargés de la défense du régime, chroniqueurs préposés à l’insulte, journalistes vocaux aux loyautés fluctuantes et expertise depuis longtemps obsolète. La prolixité de ces acteurs de seconde zone en mission de crédibilisation du « changement en cours » est à la mesure de leur inconséquence politique. Ce mur sonore destiné à faire prendre des vessies pour des lanternes, reste sans écho chez les observateurs attentifs.
Le peuple Haitien souhaite vivre dans un État de droit, débarrassé de toute tutelle autre que celle de lois que ses représentants vraiment élus et légitimes auront votées. Il est plus que temps que les forces lucides et réellement patriotiques qui peuvent encore subsister au sein des appareils de pouvoir prennent conscience des enjeux vitaux et assument leurs responsabilités pour éviter les fatalités vers lesquelles ce régime, dans son interminable agonie, mène le pays. La raison et la sagesse imposent que des compromis soient atteints entre la société et le pouvoir de fait. Les manipulations et faux-fuyants n’y changent rien : la solution de la crise est politique et doit être inclusive. Avec pour objectifs premiers l’État de droit et la justice souveraine.
Henry Beaucejour