La gouvernance en Haïti est marquée par une situation de crise en grande partie corollaire de la faiblesse de l’Etat, de son manque de légitimité vis-à-vis de la société par suite d’une panne de plus en plus manifeste du projet postcolonial d’Etat-nation .
Lorsque l’Etat n’est plus en mesure d’assurer les fonctions les plus essentielles, les réseaux politiques, militaires, économiques qui interviennent à tous les niveaux contribuent à une remise en question de sa légitimité. Les citoyens sont donc enclins à se retourner vers les structures claniques, identitaires, ethniques, etc.
La perte de légitimité de l’Etat a été elle-même la cause ou la conséquence de conflits qui ont affecté la cohésion sociale ou nationale et l’intégrité territoriale de pays . Le cas Haïtien est occupée par les forces rebelles ou gangs , mafia etc sont révélateurs de la complexité des problèmes engendrés par la crise de la gouvernance. La crise de la gouvernance se présente dans ce rapport à la fois comme une crise de souveraineté.
Pendant les 30 ans de la dictature des Duvalier, toutes les instances de l’État étaient privées d’autonomie et structurées pour ne servir que le pouvoir. Il convient aussi de préciser que la théorie de l’Etat minimal, assumé par les idéologues de la mondialisation et nombre d’institutions internationales, a fortement limité la réforme de l’État. L’on pourrait établir un lien entre les carences de l’État et la faible institutionnalisation des partis politiques.
Kern Delince (1993) dans son ouvrage Les forces politiques en Haïti fait remarquer qu’en comparaison avec la Jamaïque et la République Dominicaine, « le système politique national apparait le seul à accuser une carence complète de véritables partis politiques, ce mode d’agrégation par excellence de citoyens s’intéressant aux affaires publiques… Politiquement le peuple haïtien semble moins encadré qu’aucun autre peuple de l’Amérique latine ».
D’abord l’incapacité et l’absence de volonté d’assurer l’Etat de droit, de délivrer les services sociaux de base aux populations y compris la sécurité, de manière équitable et effective. Ensuite la récurrence des violations des droits de l’homme et singulièrement des droits politiques L’armée, la PNH qui sont sensées défendre les populations, reste souvent impuissante .
Un autre élément explicatif de cette fragilité réside dans les coups d’Etat dont la fréquence est un des indicateurs de la faiblesse étatique et de l’instabilité de même que la persistance ou la résurgence de dynamiques conflictuelles qui débouchent sur un affaiblissement du consensus national garantissant la démocratie et la paix civile.
La persistance des conflits sont, elle aussi, une autre manifestation de la faiblesse de l’Etat en Haïti. Dans un tel contexte, le rétablissement de la sécurité et de l’Etat de droit sur toute l’étendue de leur territoire apparaît comme l’un des premiers défis des régimes en place.
Ne recevant aucune subvention de la part de l’État (sauf à la veille des élections et de manière parcimonieuse), ni du secteur privé des affaires (du moins de manière régulière), les partis politiques semblent caresser l’espoir de participer à un gouvernement afin de disposer de quelques moyens financiers.
Le pays s’était donné un guide : la Constitution de 1987 basée sur des principes de droits humains et une limitation nette des pouvoirs de l’Exécutif afin d’éviter de glisser vers une dictature. Mais les traditions dictatoriales sont persistantes et ancrées dans les pratiques administratives alors que les pratiques de corruption sont devenues le mode ordinaire de fonctionnement des diverses institutions de l’État.
HB