Le récent kidnapping «n’est pas le seul incident qui nous a conduits à prendre cette décision, «c’est la goutte qui a fait déborder le vase; au cours des 3 dernières années, des centaines ont été tués et des dizaines d’attaques contre des personnes, des véhicules et des hôpitaux» recensées.
Le respect des principes humanitaires, toujours fragile dans les rues de Port au Prince, n’existe plus en Haiti aujourd’hui, chefs de gangs, de clans, groupes criminels se battent pour le contrôle de portions de territoire. Les combats, auxquels s’ajoutent des misères chroniques, ont fait des milliers de victimes .
Notre sécurité ne dépend pas du gouvernement (haitien), nous dépendons d’accès négociés, d’assurances sur notre sécurité obtenues via la médiation de communautés (…) donc si des chefs de gangs et des groupes armés ne reconnaissent pas la valeur de l’action humanitaire et n’agissent pas pour garantir que nos équipes puissent fournir de l’aide en toute sécurité il nous est très difficile d’avoir accès aux gens qui ont besoin de soins.
Les cris d’indignation contre les actes criminels, les voix mordantes des médecins pour demander la libération du Dr Yghor Myrtho Figaro, enlevé depuis lundi par des ravisseurs, ont retenti fort jeudi dans la commune de Carrefour. Munis de leur blouse, certains de leur stéthoscope, pancartes en main, près d’une centaine de médecins, d’infirmières, d’agents de santé ont marché dans la commune de Carrefour pour dire ”ABA insécurité, ABA kidnapping”.
De l’hôpital Raoul Pierre Louis à l’Arcachon 32 où ils se sont rassemblés, les médecins se sont ensuite dirigés vers la maternité de Carrefour et l’hôpital adventiste de Diquini en quête de solidarité à leur mouvement. Ils se sont aussi rendus devant le commissariat et la mairie de la commune.
« Nous sommes aujourd’hui dans les rues pour demander la libération de notre collègue médecin Yghor Myrtho Figaro, qui a été kidnappé devant sa résidence à Diquini (Carrefour), le lundi 5 octobre. Cela fait trois jours depuis que le médecin ne rentre pas chez lui, ne dort pas chez lui», a tancé le Dr René, qui s’est fait le porte-parole des médecins protestataires. Il confie que les médecins ne reprendront pas le chemin de travail pas avant la libération du Dr Figaro.
« Aujourd’hui, c’est le Dr Figaro qui a été enlevé. Demain ce sera peut-être l’un d’entre nous », déclare un autre médecin, s’écriant « nou bouke », quand un médecin est enlevé, ce sont tous les patients qui sont kidnappés. Sur les pancartes on pouvait lire : « liberasyon pou doktè Yghor Myrtho Figaro », « lè w kidnape yon doktè se dekouraje w dekouraje tout lòt doktè », « nou bay vi nou. Nou swe pou peyi a, nou pa ka jwenn kòm rekonpans kidnapin »…
L’enlèvement du Dr Jerry Bitar avait suscité émoi et colère dans toutes les classes de la population tant les deux frères, originaires du Cap-Haïtien, incarnent la médecine au service des personnes sans exception.
Dans une note de presse, l’Association médicale haïtienne (AMH) invite les autorités à prendre des dispositions permettant la libération dans les plus brefs délais du jeune médecin.
L’AMH dit constater avec stupeur et horreur et déplore avec vigueur la montée vertigineuse de l’insécurité se traduisant par des assassinats, des actes de kidnapping, de vandalisme des biens privés et publics en série. « Elle en veut pour preuves récentes le meurtre crapuleux du bâtonnier du barreau de Port-au-Prince, l’assassinat d’un étudiant de l’Ecole normale supérieure ainsi que le récent kidnapping d’un jeune confrère, le Dr Yghor Myrtho Figaro devant sa résidence », fait remarquer l’AMH dans une note portant notamment la signature de son président, le Dr Jean Hugues Henrys.
L’AMH condamne avec vigueur ces actes qui violent les droits élémentaires de tout être humain, droit à la vie, à la sécurité, à la santé. « C’est dans ce contexte que l’AMH fait appel aux autorités concernés et leur demande de prendre toutes les dispositions nécessaires pour renforcer la sécurité des vies et des biens ainsi que la libération dans les plus brefs délais du jeune médecin».
Même si ces actions sont globalement crapuleuses, elles peuvent avoir un effet direct sur l’économie, en faisant fuir les touristes et la diaspora haitienne. La nécessité de légiférer une loi pour mieux protéger le personnel de santé en haiti contre les « agressions verbales et physiques , le kidnapping un cri “qui se fait attendre”