Dans un communiqué de presse publié le 28 juin 2021, l’Organisation humanitaire Médecins Sans Frontières informe au public la suspension temporaire des activités au centre d’urgence de Martissant. Selon l’Administration de MSF, cette décision est prise dans le but de protester contre les attaques armées perpétrées contre le bâtiment de l’hôpital.
Lors des affrontements entre gangs rivaux le 26 juin dernier, des bandits ont volontaire tiré plusieurs rafales en direction du centre d’urgence. Un acte que l’Administration voit d’un mauvais œil. « Aucun mort, ni blessé ne sont à déplorer parmi les occupants du Centre d’urgence, cependant l’Organisation médicale humanitaire estime qu’il ne peut plus continuer å soigner la population sans mettre son personnel en danger. En conséquence, MSF décide d’évacuer son personnel et les patients du Centre d’urgence ; et suspend immédiatement ses activités à Martissant pour une semaine, période à l’issue de laquelle nous voulons retrouver notre centre d’urgence intact », raconte Alessandra Giudiceandrea, cheffe de mission de MSF en Haïti.
Le centre d’urgence de Martissant vient en renfort au système sanitaire haïtien défaillant depuis plusieurs années. Il recoit des blessés par balles issues de différentes régions de la zone métropolitaine. Selon la cheffe de mission, la sécurité des équipes est mise à rude épreuve depuis des semaines.
Depuis le début des affrontements entre les groupes armés dans la zone, à la fin du mois de Mai, MSF a dû réduire ses activités et son personnel. De plus, des individus armés ont braqué deux chauffeurs d’ambulances de MSF ainsi que d’autres véhicules en provenance de Martissant. « Au moment où nous devrions pouvoir étendre nos activités en raison de la Covid-19 et d’autres besoins, nous nous battons pour garder nos structures ouvertes malgré des conditions sécuritaires déplorables », Alessandra Giudiceandrea.
Cette situation de terreur règne à l’entrée sud de la capitale depuis le 1e juin 2021. Cette zone représente le siège des affrontements entre les gangs de “Ti bwa” et ceux de “Gran Ravin” deux (2) quartiers de Martissant. Le Premier ministre de facto Claude Joseph ainsi que les autorités policières avaient annoncé le 6 juin dernier avoir repris le contrôle de l’entrée sud de la capitale. 22 jours plus tard, sont incapables de ramener le calme et les bandits font encore la loi dans cet axe routier qui donne accès à quatre départements.
En outre, la pénurie de carburant que connaît le pays depuis des semaines ont des sérieux effets sur le fonctionnement des centres hospitaliers. Le cas de l’hôpital St Luc et St Damien où abritent les plus grands centres de prise en charge contre la COVID-19 de la région métropolitaine en sont des exemples. Les responsables de ces derniers ont fait savoir que ces hôpitaux courent le risque d’un éventuel dysfonctionnement en raison de leur incapacité à s’approvisionner en carburant.
Pendant que le pays s’enfonce dans le chaos le plus total, les autorités policières et les membres du gouvernement multiplient les conférences de presse, annoncent des mesures à l’emporte pièces, alors que les bandits gagnent des plus en plus de territoires et établissent leurs lois.