La faillite de la justice témoigne de la crise de notre démocratie en gestation. Elle participe de la d’échéance de l’État qui laisse basculer des pans entiers de la société et du territoire dans la violence et l’anomie. De guerre lasse, les dysfonctionnements du système judiciaire prennent une ampleur telle qu’ils conduisent à un déni de justice permanent nourrissant la défiance et la haine de tous envers tous.
Le droit à un procès équitable n’est plus de nos jours respecté. Les délais de jugement s’allongent démesurément et les décision de justice sont de moins en moins appliquées. A la limite, la justice est pareille à ces patrons délinquants qu’elle fustige volontiers.
La justice, en réprimant les atteintes aux lois, assume par son organisation des fonctions sociales multiples et tient du même coup dans l’État une place éminente où les lois garantissent et protègent les libertés publiques. Mais les pouvoirs publics, dans la tradition constitutionnelle demeurent associés à l’oeuvre judiciaire, et la constitution de 1987 maintient cette tradition.
Cependant la mainmise de l’Exécutif comme plus d’un sont enclins à le croire, garantit de moins en moins l’indépendance de la Magistrature.
A la fois autorité politique et chef d’un organe administratif, le Ministre de la justice est la courroie de transmission du gouvernement dans l’institution et le chef du service public de la justice. A ce titre, il nomme les Magistrats du siège et du parquet et veille à leur promotion. Il est investi également d’un pouvoir réglementaire lui permettant d’assainir le fonctionnement de l’institution en se basant sur le principe hiérarchique et d’intervenir dans la formation des Magistrats. Dans les périodes de trouble il se considère comme le véritable chef de la justice1.
De ce fait, ne peut-on dégager la mainmise possible du Ministère de la justice sur l’institution judiciaire ?
Le Ministère de la justice est une survivance de l’histoire. A la vérité, la justice peut être rendue équitablement dans un Pays malgré l’existence d’un Ministère de la Justice. L’essentiel est de confier à celui-ci des attributions qui ne seront pas de nature à troubler l’administration d’une bonne justice.
Les pouvoirs exécutif et législatif n’ont de cesse de ravaler le pouvoir judiciaire au rang de simple autorité et même lui dénier le statut de pouvoir à part entière. Or, la justice ne peut fonctionner si l’État lui_ même n’ est pas lié au droit et par le droit .D’où mon plus grand souci, de voir nos Magistrats redevenir la bouche de loi.
Blaise Pascal, ne nous a-t-il pas rappelé dans ses Pensées sur la religion,que la justice sans la force est impuissante et que la force sans la justice est tyrannique. En renonçant à la justice comme à l’exercice effectif de la force publique, notre République est devenue une tyrannie impuissante. Et, pour éviter que l’autorité judiciaire ne finisse comme un échec piteux à menacer notre fragile démocratie, nous devons la transformer en un pouvoir effectif et responsable, soumis aux règles de l’État de droit.