Ayiti. Terre insolente de beauté transformée en géhenne par les sacrilèges, la destruction de L’Homme. Premier rassemblement nègre à conquérir sa liberté par le feu et le sang, et infliger une cuisante défaite aux grandes puissances colonialistes. Haïti devenu pays mendiant au bol tendu à l’Internationale.
L’épuisement total du Vieux Système exhibe la mal-gestion, la mal-gérance de l’État haïtien et ses conséquences néfastes. Prévarications. Magouilles. Fraudes. Vols. Pour compléter la déliquescence anéantissante, est venu le règne de l’impunité, des injustices atroces, de l’insécurité institutionnalisée, la coexistence inimaginable d’une richesse scandaleuse et d’une misère insupportablement répugnante, la collaboration ouverte du pouvoir avec les ennemis de la population, l’assujettissement de la Police Nationale d’Haïti au pouvoir exécutif. Têtus et obstinés dans la gabegie, les perpétuels caciques du pouvoir, ouvriers véreux, spectateurs amorphes et principaux responsables de l’effondrement, persistent à fouiller la tombe du peuple. La morbide répétition des mauvais choix et échecs politiques depuis l’indépendance nous a menés à Canossa.
Haïti. Territoire pris en otage par des charognards au timon des affaires de notre République, des politiciens en herbe propulsés dirigeants sans lecture ni écriture, sans respect ni compassion pour ce peuple bon enfant. Les caractéristiques des gouvernements haïtiens depuis 1986 n’ont pas évolué pour le bénéfice collectif. Mettant à profit l’expérience des prédécesseurs, ces machines gouvernementales ont réinventé l’infecte gouvernance traditionnelle, sans se donner la peine de maquiller leurs exactions. Nulle vision pour des avancées propices à la construction d’un pays. Pratiques despotiques. Maintien délibéré des structures du Vieux Système séculaire prédateur pour la satisfaction d’ambitions personnelles. Égocentrisme. Incompétence flagrante. Pillage sans vergogne des fonds publics. Destruction systématique des ressources humaines et matérielles du pays.
Le projet de 1986, « Il faut que quelque chose change » fut porté par toutes les couches sociales de la population haïtienne, mais l’unanimité n’était pas faite sur la manière de changer ou les changements à atteindre. L’Internationale, avec l’appui de certains « sachant lire » haïtiens, nous a fait croire que la démocratie est une équation à double entrée : Démocratie = constitution libérale + élections. Quelle que soit la ligne politique que nous ouvrons, le 1er élément fondateur d’une démocratie sont les institutions. La guerre menée aux compétences, à l’honnêteté et la probité, a porté le coup de grâce à nos institutions. L’abandon de l’État a scellé la marginalisation brutale de nos masses paysannes et leur maintien dans un niveau de vie des temps d’esclavage. La production nationale et l’agro-industrie effondrées depuis plus d’une quarantaine d’années, la terre haïtienne ne peut plus nourrir sa population. La colonisation par le ventre complète l’aliénation mentale de l’Haïtien pour en faire un être bizarroïde s’obstinant à croire que d’autres pays viendront l’aider à sortir de la Misère.
La cour impériale de Soulouque réinstituée avec brillance en 2011, barons, marmitons, boutiquiers, valets, une petite équipe de jouisseurs se réclamant de la bourgeoisie, issus de familles Duvaliéristes pour la plupart, foncièrement racistes du plus clair au plus foncé de peau, aigris et assoiffés de dollars faciles, se sont repus des mamelles de la vache à lait. Le populisme d’extrême droite du président Charony a insufflé et entretenu la haine pour l’Autre, le compatriote. La Haine ! Le mouvement de 1986 fut un mouvement populaire auquel ont pris part l’ensemble des secteurs de la société haïtienne. Tous voulaient un changement ! Toutes les couches sociales, couleurs de peau confondues étaient dans les rues pour manifester leur adhésion au renouveau à construire. Ce mouvement populaire a été transformé en mouvance populiste par Jean-Bertrand Aristide. La mouvance populaire ne peut que détruire. Le populisme de droite ou de gauche ne peut qu’amener la ruine d’une société. Il est affligeant de constater que l’arbre vénéneux a porté des fruits. Depuis Aristide, le pouvoir populiste s’est érigé en système. Martelly a reconduit la Haine. Martelly a exacerbé les bas instincts de l’homohaïtianus jusqu’à rendre fétides les courants d’air ayant croisé son passage. Ses discours, contrairement à ceux d’autres illustres vulgaires de l’Histoire n’entreront jamais dans aucun manuel littéraire. Le carnaval anesthésiant s’est imposé. On l’a dansé politiquement jusqu’à l’indigestion. L’Histoire lui offrait la possibilité d’être immortel grâce à l’utilisation juste et intelligente de l’obole PetroCaribe pour de grandes réalisations nationales. Éparpillement stérile et détournement des fonds, l’homme n’a pas démérité de sa réputation et la postérité le reconnaîtra pour ce qu’il est !
Dans l’arène des maudits, où la conscience a perdu ses ailes, le pouvoir de 2016 a reconduit ses chacals et embrigadé une nouvelle flopée de karanklou pour continuer la danse exterminatrice de pays. Vente au rabais à Papa Blanc de notre vote honteux contre le Vénézuéla de Hugo Chavez. Mépris absolu de notre héritage glorieux. Rejet des valeurs remplacées par les intérêts personnels mesquins. Les soi-disant gardiens et défenseurs de l’intérêt national, arrivés, propulsés au pouvoir, ne sont nullement concernés par le bien haïtien. Ils n’ont rien à tirer d’un redressement pour un changement du statu quo. Leur patron, deuxième autorité après son Dieu sur Haïti, sans autre inquiétude que la satisfaction vénielle de l’intérêt de clans, alterne promesses et menaces, jérémiades et rictus, dans la prétention de s’imposer « père de la patrie ». Le cœur gonflé de rage, la bouche enflée d’orage, la conscience pleine de sable, Nèg Bannan n nan a labouré le vide et le rien. Il n’est pas responsable. Dos au mur, toutes promesses valsant dans un néant prêt à l’absorber, de Tweet de grenn gòch en discours oligarchiques, il s’est appliqué à jeter la poudre à l’œil du peuple, maudissant le Parlement, brandissant l’étendard de la couleur. Les élites pourries ayant investi dans son accession au fauteuil présidentiel ne s’embarrassent plus de faire la révérence depuis qu’ils servent de chair à canon, de dernier rempart au caïd dans sa fausse lutte pour projeter les ombres d’une Haïti meilleure. Tous les acteurs du pouvoir sont présents sur le plateau rongé des vers du rejet du peuple, pour jouer la dernière scène d’une fin de règne morbide. Le dernier carnaval des karanklou.
Au terme de 217 années d’irresponsabilités, de ratages et trébuchements, de corruption et d’impunité engendrés, alimentés par les tares du Vieux système non rentable, la République d’Haïti, laminée par un processus de dysfonctionnement effréné, croupit dans une crise viscérale affectant toutes les structures de la vie sociale. Crise institutionnelle. Les institutions n’existent plus. 1991, le coup d’envoi donné par Aristide dans la Cathédrale de Port-au-Prince, un mandat d’arrêt décerné contre Ertha Pascal Trouillot, signe l’arrêt de mort de La Justice. Le renvoi des Forces Armées d’Haïti fut le coup de grâce contre la mémoire des valeureux nègres libertaires et pères fondateurs d’une patrie forgée sur les champs de bataille. Le démantèlement de l’institution représentant la force, garante de la sécurité des citoyens et du respect de notre territoire, fut un jalon important vers l’effritement du respect de l’autorité de l’État. Sans égard pour les institutions, le même jour, Aristide détruit l’Armée et la Justice. Tous les intellectuels étaient d’accord et ne pipèrent mot, par peur ou dans l’espoir de sucer un os. La chute des institutions a commencé pour qu’aujourd’hui, à la faveur d’une désinstitutionnalisation totale, la Première dame achète des kits scolaires remplissant ainsi le rôle du ministère des Affaires Sociales.
C’est l’aboutissement à une crise économique sans précédent : Augmentation en 2019 de 10% des recettes de l’État (douanes et DGI) , augmentation de 54% des dépenses publiques dont 44% financées par le déficit budgétaire. Crise familiale : la déstructuration de la famille, cellule de la société, est le fruit de la Misère, la déresponsabilisation du géniteur, une tolérance de la société et de la Justice. Crise éducationnelle : l’enfant haïtien reçoit depuis le Concordat de 1860, une éducation étrangère à ses cellules haïtiennes. Crise sociale avec ses corollaires d’insécurité. Crise morale : les intérêts ont remplacé les valeurs. Crise politique. Crise culturelle. Crise identitaire : l’acculturation est à l’affût de notre identité culturelle forte, têtue, impressionnante, par laquelle se reconnaît notre communauté humaine. Crise environnementale qu’aucun gouvernement n’a osé adresser. Crise humanitaire : c’est la fuite en avant, dans la recherche du bien-être. C’est la déliquescence de la société haïtienne. La mort des institutions étatiques. L’État n’existe plus.
Une énorme crise systémique généralisée, la putréfaction du régime politique inapte à servir les desiderata légitimes de la majorité nationale ont déchiré le tissu social haïtien. Les perturbations politiques accouchent de fortes mobilisations populaires exacerbées par la détérioration des conditions de vie. La prolifération des gangs et leur fédération par le pouvoir, les enlèvements contre rançons, les attaques et crimes monstrueux contre un peuple déjà livré à tous les malheurs, constituent l’ultime et révoltant inadmissible. Des groupes parapolices servent les dérives du pouvoir. Les affrontements armés entre les factions politiques de la population fissurée par ses multiples appartenances à différents clans sont imminents. Les marches populaires se sont transformées en manifestations contre les renversantes exactions du pouvoir. Les massacres perpétrés sur les populations de Carrefour-Feuilles, La Saline, Grande-Ravine, Bel-Air ne devraient jamais plus se répéter. Les fusillades au grand jour coupant le fil de vies innocentes, plongeant la famille haïtienne dans la désolation doivent cesser. Les assassinats des agents de la force publique, soldats et policiers en uniforme, en plein exercice de leur fonction, les enlèvements suivis d’assassinat de l’otage malgré le versement de rançon, cas de Natacha Dessources, Evelyne Sincère, Nancy Mirville, révulsent. Le viol collectif, arme d’humiliation et de déshumanisation, rite de violence essentiellement masculin, outil au service de l’oppression masculine impunément installé dans notre société. Crimes contre l’humanité, à faire bouillir le sang, qui justifient la restauration de la peine de mort !
Les tourmenteurs du peuple persistent dans leur gourmandise inextinguible. La naïveté populaire permet de rallumer les braises de nos sempiternelles querelles intestines, nos luttes sans aboutissement, nos faux problèmes de noirisme et de mulâtrisme. La disparité socio-économique et financière entre les strates de la population s’est précisée. Les résultantes des tricheries, mensonges et malversations pratiquées par le pouvoir et ses lacquets ont propulsé la corruption sucée aux mamelles du colonialisme français vers des sommets jamais atteint.
Les pratiquants de yon pye anndan, yon pye deyò, en marge des autres composantes de la nation, les adeptes du jemenfoutisme brutalement nourris d’irresponsabilité, qui pensaient ne pas être assujettis aux dérives sociétales et leurs dérangeantes résultantes, se rendent finalement compte que d’une manière ou d’une autre, personne n’est à l’abri des corollaires de la Misère. À l’écart, bien à l’abri de ce magma purulent, l’oligarchie gourmande certains membres ont reçu des claques magistrales du pouvoir, ne fait pas de commentaires, elle continue à manigancer dans l’ombre tout en menant ses juteuses affaires. La politique est une borlette, ils perdent un peu, mais gagnent beaucoup. L’oligarchie haïtienne est brillante, composée de femmes et d’hommes au sens poussé des affaires. Semblable à toutes les oligarchies du monde, elle prendra la forme du vase qui la contient, devra se plier à la politique du gouvernement en place. Tout en poursuivant ses pratiques accaparatrices, elle devra se rendre à l’évidence : la condition sine qua non pour que sa descendance puisse lui succéder à la jouissance des richesses générées par Haïti, sa Cendrillon emmerdeuse, est de participer quelque peu au développement en concédant quelques investissements dans des secteurs-clés, agriculture, production nationale, création d’entreprises. L’oligarchie aux abords du pouvoir, main invisible, faiseuse de président, grouillant dans les souterrains du palais national, acheteurs de députés, patrons de sénateurs… apprendra à se tenir à sa place ou à faire la politique à visage découvert. À défaut de se réformer, elle connaîtra le sort de la Rome antique. Un détail important : Nous avons une conception erronée de ceux qui ont des moyens en Haïti. Ils ne sont pas nombreux. Il y a ceux qui veulent aider, sans savoir comment. Il y a ceux qui aident, mais le font mal. La charité soulage, mais n’apporte pas de solution viable. Il faut définir intelligemment la participation de la société civile à l’amélioration des conditions de vie d’une communauté.
Les organisations non gouvernementales, avec le séisme du 12 janvier 2010, ont instauré l’assistanat destructeur de société. Seulement 45% de notre population demeure en milieu rural et dans des conditions extrêmes, pratique l’agriculture. Les pays profitant de la force de travail de nos ressortissants ne s’embarrassent pas de reconnaître leur humanité. Les nations supposément sœurs abritant nos pauvres hères sans papiers ne font plus de quartiers. Les puissances à l’affût de nos richesses minières travaillent tranquillement à éclater les derniers garde-fous qui nous consacrent pays indépendant. Les patrons étrangers faisant les frais de notre démocratie nous imposent sans vergogne leur volonté. Les Haïtiens du dehors s’échinent à soutenir l’économie nationale, imposer leur compréhension de la chose publique, leur cordon ombilical palpitant de nationalisme exacerbé.
Le peuple, la grande inconnue. Le peuple haïtien, malheureusement, n’existe pas. La population haïtienne vit sur des lignes parallèles, elle constitue un conglomérat d’individus sur un territoire. Le seul moment où nous sommes conscients d’être tous haïtiens, se passe à l’arrivée en terre étrangère, au service d’immigration, lorsque notre passeport frappé aux Armes de la République est ouvert par un officier dédaigneux, prêt à nous affubler d’étiquettes dénigrantes.
La société haïtienne d’antan n’était pas cloisonnée en classes figées. L’un des éléments fondamentaux pour définir une classe sociale, c’est la conscience de classe qui est inexistante en Haïti. Il n’y a pas de classes sociales chez nous, plutôt des clans fondés sur la couleur, le degré de fortune, les intérêts communs. Comment concilier les composantes hétérogènes de cette population fragmentée, lui insuffler l’amour de l’Autre, pour constituer le ciment de la fraternité ? Nous ignorons l’Autre. Le sentiment de haine distillé par Jean-Bertrand Aristide, encouragé par Martelly et renforcé par Jovenel Moïse a exacerbé la violence dans toutes composantes de la population. Nous n’avons jamais créé les conditions propices à une symbiose, une fusion de l’être haïtien par la reconnaissance de repères communs. Il faut définir ce qui nous unit, passer du statut de population qui est un concept démographique, au statut de peuple qui est un concept politique, économique, social, culturel. Aujourd’hui, il faut un mouvement intégrateur.
La Religion-Misère instaurée après l’assassinat de l’Empereur Jacques 1er a gardé les masses non instruites, résignées, victimes inoffensives à l’intérieur des murs d’une déchéance meurtrière. Les détracteurs du peuple, détraqués du pouvoir, aveugles et sourds aux déboires de la grande majorité nationale, perpétuent la tradition avec la complicité de nos esclavagistes d’antan. Une succession de régimes sangsues, une minorité exploiteuse de charognards politiques, dominants économiques et politiciens démagogues, manipulateurs sans vergogne avec leur cohorte d’abolotcho de toutes appartenances sociales, a livré une guerre d’usure aux masses populaires silencieuses, jusqu’à les entraîner vers une totale déshumanisation. Victimes de vicissitudes, les populations marginalisées, exploitées, instrumentalisées, sans repères et laissées pour compte accusent les mensonges mortifères de ses dirigeants. Le peuple, une flopée de zombis embrigadés comme figurants dans la répugnante mise en scène des mardigratures électorales !
Pour n’avoir pas su mettre fin à nos discussions byzantines, maîtriser nos zizanies tribales, tripales et viscérales, notre société égocentrique n’a jamais su s’ériger en nation. La grande masse du peuple est victime de l’égoïsme et l’absence de vision des élites intellectuelles, économiques et politiques. La faillite de toutes les élites a permis la prise en charge par la communauté internationale du devenir haïtien. Le grand bouleversement planétaire exacerbé par le Covid 19 a atteint Goliath et ses amis, pour les affaiblir dans toutes leurs structures. Du profond trou mythique de tous les échecs et humiliations, les masses zombifiées réveillés par l’Ére du Verseau devront rejeter le terrorisme d’État, toute forme d’ingérence étrangère dans nos affaires, relever le front et assumer sa destinée en Granmoun. Dans un opéra bruyant de vents, poussière et cris pour une épuration, le moment de cassure est arrivé pour jeter les structures d’une nouvelle société, faire éclore la liberté du ventre, de penser, de grandir en nation. Une opportunité d’établir un système humaniste, une démocratie à l’échelle nationale sans iniquités. L’idéologie libératrice, pour une vraie République. La chance de construire Haïti sera l’essentielle mission lumineuse des Élus. Haïti a besoin de tous ses enfants. Le Parlement Haïtien. L’opposition. La société civile.
Le Parlement Haïtien. Le parlementarisme remonte à la Grèce Antique. Au regard de l’histoire de l’humanité, le Parlement constitue un corps important pour le bon fonctionnement de la cité, l’expression de la souveraineté populaire, le contre-pouvoir. Nul besoin pour nous, à la traîne de la putréfaction généralisée du politique dans notre République, de réinventer la roue en rejetant ce corps, cette composante incontournable et nécessaire à la bonne marche d’une société, garante de la démocratie. Le Sénat haïtien, 2e plus ancien du continent américain, a pris naissance dans la République d’Alexandre Pétion en 1806. Haïti peut s’enorgueillir de noms figurant dans les archives du Parlement de la République. Par leur charisme, verbe, culture, connaissance, savoir-faire, intelligence dans le traitement de la res publica, leur diplomatie, ils ont fait honneur à la fonction. Louis Étienne Lysius Félicité Salomon Jeune. Jean Démesvar Delorme. Anténor Firmin. Émile Saint-Lot (19 juin 1946, sénateur de l’Ouest). Jean-Price-Mars (Député à l’Assemblée nationale de 1905 à 1908. Sénateur 1930 à 1935 et de 1941 à 1946. Raymond Vilaire Cabèche (Député de la circonscription des Gonaïves).
Des législatures récentes, certains géants rejoindront cette galerie d’hommes verticaux qui montés au créneau pour défendre les intérêts du peuple, imposer la loi pour freiner les dérives d’un Exécutif délinquant, ont mérité de la Patrie.
Le Sénat de la République dans son essence devrait réunir en son sein des citoyens et citoyennes pour voter la loi et contrôler le gouvernement. Le député est législateur, il étudie, analyse et vote ou rejette projets venant de l’Exécutif et propositions de loi venant du Parlement à la Chambre des députés. Il contrôle l’action gouvernementale et intervient à toutes les étapes du cycle budgétaire. Il exerce un rôle d’intermédiaire entre ses électeurs et l’administration publique. Considérant le fait que pour une raison ou pour une autre, chaque département de la République a des griefs contre les anciens élus, un questionnement s’impose pour statuer sur le sénat de la 50e législature, pour ne point appréhender la 51e à venir. Nous n’avons pas le droit de sacrifier une institution régalienne de l’Etat !
De la 50e législature, hétéroclite dans sa composition, de surprenants échantillons parvenus au pouvoir n’ont pas fini de nous étonner, et leurs aventures (en faisant abstraction de la platitude qu’elles affichent) méritent d’être retenus par l’Histoire aux fins d’éviter de reconduire leurs auteurs et d’autres aspirants du même genre. La vilenie et la dépravation de ces arrogants et médiocres, incompétents, inaptes, auront atteint un sommet difficile à définir tant elles éclatent d’inadmissible et d’inattendu. Certains gardiens de la souveraineté nationale sont devenus de vils trafiquants de la Patrie, de vulgaires vendeurs du Temple. Des barrages (éducation du peuple) devront être mis en place pour empêcher l’accession à cette noble institution d’individus indignes, inaptes à représenter des populations.
La 50e législature a été scindée en deux clans. Une majorité présidentielle complètement soumise aux caprices du chef de l’État, et l’aile dure de l’opposition radicale, le groupe des « Quatre » composé d’Antonio Cheramy, Ricard Pierre, Nènèl Cassy et Évalière Beauplan, se réclamant de la tendance de gauche locale, opposants farouches au régime PHTK. La majorité progouvernementale a absolument empêché au sénat d’assurer sa mission. Une minorité fonctionnelle s’est positionnée au-dessus de la mêlée, ces électrons libres ne faisant pas partie de l’opposition radicale se sont attelés à légiférer et contrôler l’action gouvernementale, selon les prescrits de la Constitution.
Nous présentons un profil succinct de ceux qui ont marqué de manière positive leur passage. L’Histoire retiendra les noms suivants :
Youri Latortue a accouché du Monstre qui a voulu le dévorer. Président du Sénat et de l’Assemblée Nationale. Président de la commission Éthique et Anti-corruption du Sénat de la République. Il a pour mérite la mise à nu des grands dossiers de corruption et la rédaction des rapports PetroCaribe, Dermalog et Sofidai.
Jean-Marie Junior Salomon. Ex-commissaire du gouvernement de la juridiction des Cayes, considéré comme l’ennemi numéro 1 du régime PHTK dans son département. Intellectuel de belle eau, il a su élever le niveau des débats au-dessus des communes mesures lors des séances au niveau du Grand Corps. Vice-président à deux reprises, il se réclame de la lignée de Lysius et a symbolisé l’équilibre au Sénat de la République. Il compte à son actif la fameuse proposition de loi portant modification de la Loi du 10 septembre 2009 sur le salaire minimum, laquelle proposition de loi aurait pu révolutionner le marché du travail en Haïti, s’agissant de la rémunération par heure de travail dans les secteurs primaire et tertiaire. Fier de ses racines africaines, Jean-Marie Salomon a été le principal artisan de la lutte contre la fermeture de l’Ambassade d’Haïti à Cotonou au Bénin, qu’il qualifie d’insulte à l’alma mater. L’ancien parquetier a fait de la justice sociale son véritable cheval de bataille. Il est l’initiateur principal de l’octroi de la carte de débit aux employés du Sénat. Il a été partie prenante de l’accord du 5 février 2015 ayant débouché sur l’élection de Jocelerme Privert par l’Assemblée Nationale, en vue de l’achèvement du processus électoral d’alors totalement dans l’impasse. Vice-président de la Commission Justice et Sécurité du Sénat, l’élu du Sud a, conjointement avec d’autres collègues de ladite commission, fourni un travail impeccable par l’épuration des Projets de loi portant sur les nouveaux Codes pénal et de procédure pénale haïtiens. Il a suggéré la pénalisation de la pratique de la sorcellerie, notamment la zombification qui selon lui est un crime odieux contre l’humanité. En toute objectivité, le Sénateur Salomon a mené le bon combat sans avoir eu le temps d’achever sa course au Sénat de la République. Les fruits auraient sans doute tenu la promesse des fleurs s’il avait eu l’opportunité de boucler son mandat.
Patrice Dumont de l’aile modérée ne mâche pas ses mots quand il s’agit de critiquer les mauvaises actions du gouvernement. Il est le seul du haut de la tribune du Sénat, à répondre à l’insulte “shit hole country” de Donald Trump. Il a embrassé la cause des neuf sénateurs empêchés par Jovenel Moïse, expulsés manu militari du sénat. À son palmarès : Dénonciation de la pratique corruptrice de location de voiture au Sénat et dans tous les corps de l’État. Lutte contre la corruption dans les entreprises autonomes : APN, OAVCT, ONA, AAN. Un pèlerinage diplomatique dans les ambassades occidentales des pays foyers d’immigration haïtienne. Le plus significatif : son action auprès du parti Démocratie Chrétienne Chilienne, trois mairies, gouvernement et sénateurs chiliens, pour la garantie de la résidence permanente et bons traitements à nos ressortissants. Dépôt au secrétariat du Sénat d’une proposition de loi sur le développement du sport. Dumont a refusé les 5 subventions d’un million de gourdes annuelles au Sénat, retourné les frais de voyages non effectués et rejeté les pratiques de corruption dans la vie politique haïtienne.
Jean-Renel Sénatus, un passionné de la bonne marche du pays, de l’ordre et la discipline. Centriste confirmé, il a cherché l’intérêt commun dans les débats au Parlement et affirme n’avoir jamais été en opposition à Haïti. Pour Sénatus, la politique n’est pas une profession mais une passion. Il regrette de n’avoir pas eu l’opportunité de servir la République dans une dimension plus conforme à son expertise, les limitations de la 50e législature ne permettant la bonne marche de l’institution. Les quatre ans de luttes pour le bénéfice de la res publica ne purent cependant affecter ses capacités, de battant ou sa détermination de servir l’État. Sa réussite personnelle au sein du Parlement s’inscrit dans les pages de l’Histoire par ses 14 propositions de loi sous couvert de deux codes : code de la famille et code de la sûreté intérieure. Il assume ses actes et espère servir de modèle pour les générations futures.
Postes au Sénat : 4 mandats de Président de la commission Justice et Sécurité. Vice-président de la commission des Affaires sociales et droits de la famille. Membre de la commission des Affaires étrangères. Membre de la commission de Refonte du règlement intérieur du Sénat. Membre de la commission de la Constitution. Membre de commissions spéciales sur les ratifications, enquêtes spéciales.
Ses œuvres : Loi sur la réputation et le certificat bonnes vies et mœurs visant à faire obstacles aux personnes de mauvaise renommée qui souhaite occuper des fonctions républicaines. Loi sur la création de juridiction du tribunal de première instance de La Gonâve. Loi sur la sécurité foncière. Loi sur la fabrication, la commercialisation, la circulation et le contrôle des armes à feu.
Antonio Cheramy, Don Kato, président de la commission des Affaires Sociales et Droit de la Famille du Sénat de la République, s’est révélé un homme de conviction. Il a œuvré en faveur du respect des droits humains et soutenu dans toutes ses actions les couches les plus vulnérables de la population. Il a défendu sans relâche les dossiers relatifs à l’assurance santé universelle pour tous les Haïtiens, un salaire minimum décent et des avantages sociaux pour les ouvriers de la sous-traitance. Il a proposé en 2017, un projet de loi pour la protection des consommateurs.
Cheramy a bravé les interdits au parlement. Le 5 septembre 2017, il a dénoncé les manœuvres des pouvoirs exécutif et législatif visant à satisfaire leurs intérêts au détriment du peuple. Lors d’une séance pour statuer sur la loi de finance 2017-2018, il a tenté en vain de convaincre ses collègues de réduire les taxes et le budget du parlement s’élevant à 6,5 milliards de gourdes, soit 3.7% du montant total du budget. Cette mobilisation a suscité des questions relatives à la gestion d’autres institutions publiques : ONA, OFATMA, MAST et de graves irrégularités furent mises à nu. Cheramy s’est attelé à une lutte pour la révision à la hausse du salaire minimum des employés de la sous-traitance. À son actif : un projet de loi pour la protection des consommateurs (2017). Sous la présidence de Privert, il a signé une résolution pour empêcher l’augmentation du prix du carburant sur le marché. Aussi, une résolution en faveur de l’augmentation du salaire minimum des ouvriers de la sous-traitance. Il a fait partie de la Commission Sénatoriale Spéciale d’Enquête sur le fonds Petro Caribe.
Évalière Beauplan a été sénateur des 48e , 49e et 50e législatures pour le Nord-Ouest. L’un des rares parlementaires à briguer trois mandats consécutifs. Une période à la 49e, le voit dans le trio d’opposition des sénateurs Youri Latortue, Rudy Hériveaux en face au pouvoir de René Préval, articulant leurs positions autour d’argumentaires bien ficelés. Il se réclame du centre gauche et le groupe des 4 exerce une opposition constructive pour inciter le pouvoir exécutif à honorer sa mission auprès de la population.
Président de la commission des Affaires étrangères et des Cultes. Délégué d’Haïti auprès du forum Afrique Caraïbes Pacifique-Union Européenne (ACPUE). Vice-président de la commission politique de l’Afrique Caraïbes Pacifique, il organise une tournée à travers les missions diplomatiques d’Haïti en Europe et Amérique du Nord dans l’objectif d’évaluer leur fonctionnement. Dans son département, il s’implique dans des projets au niveau de l’agriculture, la santé, l’éducation, la culture, le sport, l’électrification… Lors d’une importante séance au sénat, il vote pour la construction du pont des Trois rivières reliant les six communes du haut N-O aux quatre du bas N-O. Beauplan œuvre pour le rapatriement des directions départementales aux compétences du département. A son actif : Vote de la loi sur l’interdiction de la prise d’alcool par les mineurs. Lutte contre la corruption. Vote contre la résolution pour reconnaître Guy Philippe comme sénateur. Vote contre une résolution pour l’augmentation des prix des produits pétroliers. Combat gagné contre le budget pour augmenter les taxes. Deuxième président de la commission spéciale d’enquête PetroCaribe, il révèle la dette croisée de Sogener à l’État haïtien. Production d’un rapport de 600 pages et 1500 pages d’annexe sur les compagnies pétrolières. Président de la commission des Affaires Étrangères, à la tête d’une délégation, il se rend en République Dominicaine dans l’objectif de discuter avec des officiels du rapatriement illégal des haïtiens. Élaboration et soumission d’un plan de réforme à l’appréciation du ministère.
De la Chambre des députés, des noms ont résonné et sauvent l’honneur. Député Jerry Tardieu. Député Rolphe Papillon.
Jerry Tardieu a gagné les élections législatives pour la commune de Pétion-ville par un vote historique. A la Chambre des députés, Tardieu a été le président d’une Commission spéciale en charge de reformer la constitution haïtienne. Le rapport de la commission Tardieu, bien que non adoptée par l’assemblée parlementaire, est reconnue comme l’une des meilleures réflexions sur la loi-mère. Jerry Tardieu a également été le président du “Groupe d’amitié Haïti-France au Parlement Haïtien » et le promoteur de la bourse d’excellence intitulée « Bourse de l’amitié Haïti-France ».
Jerry Tardieu s’est distingué par son éloquence, ses actions d’éclat sur le terrain de la diplomatie parlementaire et ses batailles pour les dossiers, lois, et réformes traitant de développement économique et de justice sociale. Il a introduit au moins trois propositions de lois majeures dont : La proposition de loi sur la citoyenneté haïtienne. La proposition de loi sur la Police nationale haïtienne. La proposition de loi sur le crédit-bail. La proposition de loi sur le micro-crédit. Le député Tardieu a offert à la jeunesse une bibliothèque moderne qui porte le nom de sa mère « Bibliothèque Michèle Tardieu de Pétion-ville ».
Rolphe Papillon a fait des études en anthropologie et communication au Mexique. Il a également étudié à la faculté de Philosophie et Lettres de l’université de Liège, en Belgique. Dès son retour au pays, il s’installe à Corail, sa ville natale et mène diverses activités communautaires avec les paysans de la zone jusqu’à son élection à la 50e législature. Il est l’un des députés à avoir déposé le plus de propositions de loi dont 4 sur la sécurité foncière. Il a été pendant 3 ans président de la Commission Environnement, Ressources naturelles et Aménagement du Territoire et la dernière année président de la Commission Éducation à la Chambre basse. En plus de ses prises de position très remarquées tant dans la presse qu’à la tribune du Parlement, il publie régulièrement des articles pour défendre ses idées dont trois récemment sur le projet de réforme constitutionnelle. À la fin de la législature, la population de Corail lui a remis une plaque d’honneur pour avoir valablement représenté la circonscription.
A suivre
Savannah Savary
Première Partie