Les initiatives de rétablissement et de construction de la paix prévoient souvent un partage du pouvoir au sein de gouvernements de transition. Le partage du pouvoir garantit la participation de représentants de groupes importants aux décisions politiques, non seulement au sein du pouvoir exécutif mais également dans les domaines législatif,
judiciaire, militaire et policier. Pendant une période de transition, le partage du pouvoir entre groupes rivaux limite le risque de prépondérance d’un parti au détriment de la sécurité de tous les autres. Dans le cas d’Haiti : tenue d’élections et de négociations autour de nouvelles constitutions.
Que ce soit au lendemain d’une victoire électorale ou d’un « dechoukaj », l’enjeu est de taille. Et après ? Après les gouvernements de transition, formatés jusqu’au soupçon, ce qui s’étale, c’est une lassitude contagieuse, l’ignorance inconsciente ou intériorisée de la démocratie électorale ou de la légitimé démocratique. On tourne en rond, puisqu’on revient ensuite à la normalité démocratique. Et après ?
les gouvernements de transition fondés sur un partage de pouvoir doit assurer la transition politique de leurs pays. En effet, les membres de ces gouvernements sont souvent confrontés à la nécessité de résoudre, entre eux, des conflits importants n’ayant pas été réglés au stade des accords de paix. De même, il arrive que des groupes politiques exclus des négociations de paix exigent d’entrer dans l’arène politique à l’occasion d’élections ou qu’ils remettent en cause la légitimité politique d’élites issues de la guerre. Enfin, les modalités du partage de pouvoir entre anciens ennemis et les exigences de groupes d’opposition marginalisés sont difficiles à gérer et risquent d’entraîner des conflits. Des intervenants extérieurs peuvent aider les gouvernements fondés sur un partage des pouvoirs à résoudre ces difficultés.
Or, il semble que la communauté internationale sous-estime l’importance de l’intervention de tierces parties pendant les périodes de transition : si elle accorde beaucoup d’attention aux négociations en vue d’obtenir un accord de paix, elle tend à négliger les négociations intervenant durant la phase transitionnelle subséquente. La mise en
place d’un gouvernement d’unité nationale est souvent perçue comme le début du retour « à la normale », de la reconstruction du pays et d’autres activités dites « postconflit ».
Les compétences déployées pendant les périodes de transition ne reflètent pas suffisamment les exigences de la médiation et d’une action politique devant s’inscrire dans la durée. Ceci s’explique par l’épuisement des acteurs internationaux engagés dans de longues négociations de paix, et renvoie à l’espoir que les accords de paix marquent
l’aboutissement du processus de médiation et signalent le commencement d’une nouvelle époque. En réalité, cette approche est malheureuse : le bilan de l’action des gouvernements de transition montre qu’ils ont, très souvent, besoin d’un important soutien pour remplir leurs objectifs.
Tout se passe comme si les Haïtiens, meurtris par tant de décennies de détresse, pouvaient brusquement faire du neuf avec de l’ancien, transformer leur situation avec ceux qui ont déjà échoué en provoquant d’énormes dégâts. La démagogie et le chaos ont toujours partie liée. Il serait bien sûr incorrect d’ignorer, comme avec René Préval, qu’il y a un rôle déterminant à jouer en termes d’habileté, d’ouverture d’esprit et de connaissance du terrain lorsqu’on dirige pour prévenir, entre le court et le long terme, les risques d’embrasement ou d’explosion.