Un observateur ordinaire n’aura aucune difficulté de constater que le pays a rassemblé tous les moyens dont il dispose pour rendre sa population malheureuse, pousser son économie vers le naufrage, infester son environnement, étouffer les systèmes d’éducation et de santé et laisser proliférer les gangs et ses dérivés : en un mot les conditions favorables à l’échec sont créées. Est ce que c’est un scénario catastrophique qui est voulu mais sensé ou bien un risque calculé qui est joué mais censé redresser la situation dans l’avenir.
Trois ans après le lancement de la Caravane du changement, si la montagne avait accouché d’une souris on aurait pu crier victoire. Le secteur agricole n’a été renforcé ni dans l’Artibonite ni dans d’autres régions du pays. Aujourd’hui encore, les agriculteurs attendent l’eau, les semences de bonne qualité en quantité et l’accompagnement technique que l’exécutif promettait à travers la Caravane du changement. Le pays, quant à lui, continue d’être dépendant en matière alimentaire. Et les prévisions en matière d’insécurité alimentaire n’ont jamais été si alarmistes. Preuve de l’échec sans appel de la Caravane du changement qui pourtant a englouti des milliards de gourdes. Si les fonds investis dans la Caravane n’ont pas sauvé l’agriculture, ils ont sans doute fait des heureux quelque part sur la terre…
Des objectifs très ambitieux et difficiles à réaliser
La manière la plus simple d’essuyer un échec c’est poursuivre des objectifs irréalisables. Les pères fondateurs de la seconde république, les vainqueurs des premières élections démocratiques de l’histoire de la d;Haiti, avaient annoncé des objectifs très ambitieux durant leurs campagnes électorales. En un mot ils comptaient faire du pays un paradis terrestre et une plate forme pour le paradis céleste. Une fois les élections consommées, les pères ont annoncé la mise en place de la meilleure équipe gouvernementale de tous les temps. Leur programme promettait de résorber le chômage , de relancer l’économie et d’améliorer le taux de croissance . La réforme du secteur de sécurité était leur cheval de bataille. La situation économique s’est empirée et tous les indicateurs sont au rouge, la contrebande et l’évasion fiscale battent leur plein. Le pouvoir d’achat s’est détérioré et la drogue devrait bientôt être légalisée. La population ne sait plus à quel saint se vouer. Le développement régionale est resté lettre morte et la réforme du secteur de sécurité s’annonce de plus en plus difficile.
Une équipe gouvernementale s’en va une autre se met en place mais rien ne change. On continue à bercer la population haitienne dans de beaux rêves chimériques. On revient constamment sur le glorieux passé de DESSALINES , TOUSSAINT LOUVERTURE et les martyrs nous ont balisé le chemin de la liberté, de la dignité et du développement et on ne pourrait réussir en dehors de leurs visions. D’autres diront que le salut ne viendra que si on continue sur les traces du fondamentalisme. Autrement dit une vision d’une Haiti nouvelle n’est pas envisagée. La nouvelle génération ne sera pas capable de gouverner, la jeunesse est bonne pour mourir pour la nation mais non pas pour la sauver. La devise éternelle sera le retour au passé glorieux qu’il faut recopier. Notre salut est derrière nous.
Depuis les premières heures de la chute de l’ancien régime des Duvaliers on ne cesse de demander et les responsables ne cessent de promettre. Les chômeurs exigent du travail, les travailleurs provisoires et ils sont nombreux exigent une solution pour leur situation. Les institutions étatiques recrutent plus que leurs besoins. Les travailleurs de tous les secteurs demandent des améliorations de salaires et de nouvelles primes. On ne travaille plus, on est en grève ouverte. On parle beaucoup et on n’agit plus. On critique tout et on ne propose rien pour améliorer. C’est la liberté intégrale et exponentielle. Pour un rien, on proteste en sit in, on fait la grève, on exige le départ et le dégagement des responsables. C’est la dictature de la rue.
Pour parer au déficit de la production et des ressources fiscales le pays s’endette car il faut payer les fonctionnaires, entretenir les services publics et subventionner les produits de première nécessité. Des crédits à très court terme et à un taux élevé doivent être remboursés et aggraveront la situation financière du pays.
Aucune institution n’a entamé la réforme recommandée par les experts nationaux et internationaux. Les réformes du système bancaire, des finances et de l’investissement tardent à se mettre en place. Les réformes de la justice, des forces de sécurité et de la défense sont négligées et remplacées par l’achat de moyens ou par le remplacement de certains responsables. L’éducation et la santé publique veulent se moderniser mais hésitent encore à le faire.
Des milliers de criminels et de terroristes ont été arrêtés mais ne sont pas encore jugés. Autant d’autres sont encore en liberté. Il n’y a pas le feu à la maison. Ce climat d’impunité ne dissuadera pas les futurs malfaiteurs et n’aidera pas à réussir.
Plusieurs affaires judiciaires concernant des violations graves des droits de l’homme commises par le passé ont suivi leur cours ou ont été relancées au cours de la période en revue, notamment les audiences en appel de l’instruction dans le procès de Jean-Claude Duvalier. Ces audiences ont revêtu un caractère symbolique fort concernant la lutte contre l’impunité en Haïti, affirme le rapport. Toutefois, note-t-il, l’indépendance de la justice a continué d’être remise en cause par l’interférence de la sphère politique dans le déroulement des procédures judiciaires et la prise de décisions de justice.
« Il est crucial que les autorités haïtiennes luttent contre toute forme d’impunité pour les crimes graves commis dans le pays, aujourd’hui ou par le passé. Il s’agit là d’un facteur décisif pour restaurer la confiance des citoyens haïtiens dans leur système judicaire et carcéral », explique la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay.
Le lynchage reste par ailleurs un sujet de vive préoccupation dans le pays. Entre janvier et juin, la Police des Nations Unies (UNPOL) a enregistré 79 cas de lynchages ou de tentatives de lynchage, un phénomène en augmentation par rapport au premier semestre 2012. La réponse des autorités reste très largement insuffisante, selon l’ONU, de même que la réponse judiciaire aux actes de violences sexuelles.
De façon générale, d’importants dysfonctionnements du système judiciaire continuent de se poser dans l’île. « Le traitement, par les acteurs de la chaîne pénale, des plaintes déposées par les citoyens haïtiens, ne garantit que trop rarement l’accès effectif des victimes aux procédures judiciaires et un nombre beaucoup trop élevé de personnes reste en détention préventive prolongée », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en Haïti, Sandra Honoré.
Par ailleurs, le rapport relève que la surpopulation carcérale a continué de s’aggraver, avec en moyenne 144 nouvelles incarcérations par mois et 0,61 mètre carré disponible par détenu : en d’autres termes, cela signifie que trois personnes occupent l’espace correspondant à la taille d’un matelas.
L’ONU a également établi que les autorités judiciaires et administratives avaient, dans certaines localités, eu recours à des forces de sécurité parallèles composées de civils, afin d’effectuer des tâches réservées aux seules autorités étatiques chargées de l’application des lois. L’existence de tels groupes pose des risques sécuritaires, notamment dans la perspective des prochaines élections.
La situation des personnes vivant dans des camps de déplacés, notamment à Port-au-Prince, demeure un défi majeur, selon le rapport. Alors que 74% des camps de déplacés se trouvent sur des terrains privés, le nombre d’évictions forcées illégales de personnes déplacées est à nouveau en augmentation, signe de l’impatience grandissante des propriétaires de ces terrains.
Des développements positifs ont cependant été constatés, dont la publication de l’Arrêté créant un Comité interministériel chargé de coordonner et harmoniser les politiques publiques dans le domaine des droits de l’homme.
L’établissement du Collège transitoire du Conseil électoral permanent, en vue des prochaines élections sénatoriales, municipales et locales, constitue également une avancée. Toutefois, l’absence de calendrier électoral et les dissensions sur la loi électorale risquent de compromettre l’organisation d’élections avant la fin 2013, s’alarme le rapport.
Autre élément à mettre à l’actif du gouvernement : les efforts qu’il déploie pour lutter contre l’extrême pauvreté, dont témoigne l’adoption de la stratégie globale d’assistance sociale dénommée “Ede pèp” (Aider le peuple), dont plus de 1,2 million de personnes ont déjà bénéficié.
Aucune mesure concrète n’a été prise pour supprimer ou même pour limiter l’impact négatif des activités de la population sur son environnement. Les ordures de tout genre ont colonisé les rues et les cités. Faut-il déclarer la guerre aux ordures ?
Différents experts ont brossé un tableau noir de la situation économique et politique du pays et ne cessent de tirer la sonnette d’alarme mais les dirigeants politiques ne semblent pas du tout préoccupés. Certains prévoient une aggravation de la situation qui pourrait provoquer une nouvelle révolution. Mais toutes les mesures prises ne peuvent que concourir à la réussite de l’échec de l’administration du pays. Pour quelle raison agit-on de la sorte ?