« Petits rats », « gros rats »… Ainsi parlait un premier ministre de facto dont l’histoire ne gardera du passage au pouvoir que son goût pour les métaphores et les allusions les plus vulgaires. Le voilà aujourd’hui victime de cette guerre interne des « rats ». On ne le pleurera pas, et cela ne change rien à la réalité politique et sociale qu’un rongeur remplace un rongeur.
La rhétorique nauséabonde du Jojo sortant avait pourtant un fond de vérité que signalait déjà son remplaçant qui parlait dans un article anti PHTK de « l’indigestion résultant de l’avidité ». C’était avant. Avant d’intégrer la bande des rats. Rat exclu dénonçant les rats in. Puis ascension d’un petit rat devenu aujourd’hui un gros rat. Mais, assez filer la métaphore, il faut laisser à la bande à Moïse/PHTK et leur langage et leurs pratiques.
La bande Moïse/PHTK n’a jamais eu et n’aura jamais le sens de l’intérêt général. Elle est composée de personnes n’ayant qu’une image valorisante à leurs yeux : le pouvoir, la richesse. N’ayant qu’un objectif : utiliser le pouvoir à des fins de « réussite » personnelle. N’ayant aucun souci de l’opinion nationale et se reposant sur les incohérences et les logiques impériales de la communauté internationale. N’ayant d’autres alliés nationaux que des criminels qu’ils ont largement contribué à armer et organiser ; des thuriféraires issus des élites intellectuelles des classes moyennes défavorisées en rupture avec leurs origines ; les plus racistes et antinationaux de la classe des affaires, bourgeoisie de rentes, de monopoles par favoritisme. Il ne reste à ce monde que le vice et le crime.
Cela ne changera pas d’un jojo à un autre. Et, à ceux qui font semblant de croire à la possibilité d’un dialogue avec la bande Moïse/PHTK, le choix du nouveau premier ministre de facto montre bien que le cercle se rétrécit. La majorité des gens ont quand même des parents, des amis, une conscience et aimeraient bien qu’on garde d’eux un souvenir agréable.
Cela vire carrément au crime de la part de « l’international » de prétendre soutenir le projet de referendum et de nouvelle constitution. Dans l’international il y a aussi des jojos. Ne faut-il pas être un jojo pour prétendre rédiger à la place du peuple haïtien la constitution haïtienne ? Ne faut-il pas être un jojo pour, paré du titre de conseiller à la primature, défendre ce « gouvernement » Ne faut-il pas être un jojo pour parler de dialogue inclusif alors que tous les secteurs organisés de la société haïtienne dénoncent l’incompétence et la passivité de Moïse/PHTK face à l’insécurité ! Où un diplomate, un coopérant, un « ami d’Haïti » ira-t-il chercher la dose suffisante de sans-gêne pour demander à Haïti de faire avec Moïse/PHTK !
Jojos d’ici, jojos d’ailleurs… Alliance de la logique impériale à la logique criminelle locale. Voilà ce à quoi nous faisons face. L’urgence est à l’unité. Parler aussi haut qu’eux, faire entendre qu’Haïti ne veut pas. Participer massivement à toute expression démocratique du refus. A cet égard, il serait dommage que des esprits troublés de la diaspora, obnubilés par la question de la double nationalité, apportent leur appui à la dérive totalitaire dont ils ne seraient que les seules marionnettes consentantes.
Joute ou Joseph, rien pour nous n’a changé. A part que le nouveau premier ministre de facto va sans doute aller plus loin dans l’excès de zèle. A preuve, après les gangs, c’est maintenant « la police » qui viole l’enceinte des églises.
Antoine Lyonel Trouillot