Jimmy Chérizier, ancien policier haïtien, a fédéré plusieurs bandes violentes du pays et longtemps soutenu le parti au pouvoir de l’ex-président Jovenel Moïse, assassiné le 7 juillet dernier. Le site d’investigation colombien Insight Crime s’interroge : jusqu’où ira son emprise sur le pays ?
L’ancien policier Jimmy Chérizier, alias Barbecue, est l’un des chefs mafieux les plus importants d’Haïti. Il est connu pour avoir formé G9 an fanmi (“G9 en famille”), une fédération criminelle de neuf des bandes les plus puissantes de la capitale Port-au-Prince.
Chérizier a collaboré avec la police et avec le Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), actuellement au pouvoir. Toutefois, il a récemment lancé des défis à l’État haïtien, appelant à la révolution en juin 2021. Désormais, il chercherait à profiter du vide du pouvoir laissé par l’assassinat du président Jovenel Moïse.
La carrière criminelle de Jimmy Chérizier remonte au moins à 2017, lorsqu’il était dans la police. Il a commencé à se faire connaître en novembre 2017, quand il a participé à ce qui était censé être une opération antigang, et qui a abouti à l’exécution sommaire d’au moins neuf innocents dans le quartier de Grand Ravine, à Port-au-Prince.
Un an plus tard, Chérizier aurait participé au massacre de La Saline avec sa bande Delmas 6 et d’autres groupes. Des témoins rapportent que pendant les faits on l’a vu s’entretenir avec l’ancien fonctionnaire Joseph Pierre Richard Duplan [alors préfet du département de l’Ouest, qui inclut Port-au-Prince] et d’autres chefs de bandes.
Massacre : 71 morts
Il s’agit du pire massacre qu’ait connu Haïti en plus de dix ans. Bilan : au moins 71 morts. Chérizier est révoqué un mois plus tard, et un mandat d’arrêt est lancé contre lui.
Ayant échappé aux poursuites, il a participé à une tuerie qui a duré quatre jours dans le quartier de Bel-Air de Port-au-Prince, en novembre 2019. Chérizier et des membres de quatre gangs – Delmas 6, Base Nan Chabon, Krache Dife et St Martin Street Gang – ont incendié des habitations et tué au moins 24 personnes.
Avant ces opérations de nettoyage, Chérizier recevait un soutien matériel, logistique et financier de hauts fonctionnaires du gouvernement Jovenel Moïse. Ces derniers lui fournissaient de l’argent, des uniformes de policiers et des véhicules officiels pour mener à bien ses attaques..