On le sait, les responsables politiques nous mentent. Nous avons l’habitude qu’ils disent une chose et fassent son contraire. Dans de nombreux pays, il semble que les gouvernants n’encourent aucune conséquence majeure quand ils mentent ou font des promesses dont tout le monde sait qu’elles ne seront jamais tenues. Ou quand leurs descriptions de la réalité sont totalement déconnectées de ce qui se passe vraiment. Ce sont des tendances universelles; les exceptions (les pays où cela n’existe pas) sont rares. Mais s’habituer à ces mensonges, les tolérer, c’est les encourager.
Dans certains pays, la complaisance de l’opinion publique face aux mensonges flagrants ou à l’hypocrisie des dirigeants atteint des niveaux extraordinaires. Nous sommes tellement habitués à leurs mensonges qu’ils nous laissent indifférents; cela fait partie d’un jeu auquel nous participons tous. Les menteurs savent que nous savons qu’ils nous mentent et que, soit cela ne nous importe pas, soit nous n’y pouvons rien. Ils comptent aussi sur le fait que la majeure partie de la population ne fait pas vraiment attention à ce qu’ils disent et que ceux qui les écoutent attentivement ont la mémoire courte.
Préférez-vous un homme politique malhonnête ou incompétent ? Dans notre paysage politique les citoyens s’accordent à penser que ces deux fonctions sont bien remplies. Aux yeux de l’opinion publique, il est préférable de passer pour un incompétent plutôt que pour un malhonnête.
La fraude, c’est servir ses intérêts ou ceux de son parti avant ceux des citoyens. L’incompétence c’est l’inaptitude à accomplir le travail pour lequel on a été élu. Le mot “gouverner” vient de gouvernail qui signifie diriger une embarcation, un vaisseau. L’incompétence en politique c’est donc l’inaptitude à mener la barque de la nation.
A propos de sincérité, George Orwell disait: «Le grand ennemi du langage clair est le manque de sincérité (…) Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent.»