La qualité de la formation du maître détermine la qualité du système éducatif Dixit Dr. Hubert de Ronceray, Sociologie du fait haïtien. (1979)

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Haïti rencontre des problèmes tant au niveau de l’offre que de la demande en matière d’éducation. En ce qui concerne l’offre, il n’y a pas suffisamment de places pour inscrire les enfants dans les écoles. Pour ce qui est de la demande, le coût moyen des frais de scolarité, qui s’élève à 80 dollars par enfant et par an, hormis les coûts des livres, des uniformes et du transport, rend l’éducation de base inaccessible pour de nombreux enfants.

Le système scolaire haïtien est dominé par le secteur non-public, l’enseignement étant dans ce cas dispensé par des organismes religieux, non gouvernementaux ou à but lucratif. Plus de 80 % des écoles primaires ne sont pas publiques et accueillent plus de 80 % de l’ensemble des élèves.

Il va sans dire que la qualité de la formation du maître détermine la qualité du système éducatif. Les chiffres relatifs à la préparation intellectuelle et pédagogique des maîtres sont très révélateurs de la baisse générale du niveau d’enseignement. Sur les 5 362 enseignants des écoles privées et publiques de Port-au-Prince, seulement 2 314
possèdent une qualification, soit 43%. Le plus fort pourcentage de diplômés se trouve aux niveaux professionnel et universitaire. Pour le niveau secondaire, nous avons retenu comme qualifiés les professeurs diplômés d’une école normale, possédant un diplôme universitaire ou préparant tout simplement un degré supérieur à l’université. Le nombre
de diplômés est plus important dans le secteur public que dans le secteur privé ; 60% contre 40%. Les relations d’amitié protectionniste communément appelées « pistons » exposent les écoles publiques à la merci de la médiocrité et de l’incompétence. La formation de la plupart des maîtres se résume à la connaissance de quelques principes
routiniers. Il arrive souvent que les professeurs aient tout juste la même formation que leurs élèves. L’anarchie la plus totale règne dans le secteur privé. N’importe qui peut s’improviser directeur d’école pourvu qu’il dispose d’un local. La majorité des écoles privées ne sont pas reconnues par le département de l’Éducation nationale. Leur fonctionnement échappe à tout contrôle statistique ou pédagogique.

La situation est encore aggravée par les salaires dérisoires et irréguliers des enseignants. On n’établit aucune différence entre les professeurs diplômés et les non-diplômés et il n’y a pas de promotion par ordre de mérite et d’ancienneté dans l’enseignement.

Tout ce qui précède explique le peu d’intérêt que les enseignants mettent dans leur travail d’éducateur ; les cours ne sont pas préparés, il n’existe presque pas de moyen de contrôle : devoirs, tests de contrôle, etc. Même ceux qui ont reçu une formation dans une école normale, tombent dans la routine et la médiocrité. Certains professeurs salariés de l’État se contentent de recevoir leur chèque sans se présenter dans la salle de classe ou se présentent très irrégulièrement.

Le système d’inspection scolaire fonctionne timidement et au ralenti. Il avait complètement disparu dans les écoles publiques au cours des dix dernières années. Les rares cas d’inspection enregistrés dans certains établissements privés sont liés à des intérêts particuliers.

L’accès à une éducation de qualité demeure encore limité sans compter que les apprentissages des enfants restent faibles. Sans l’amélioration des apprentissages pour les enfants dès le début de leur parcours scolaire, leurs chances d’abandon augmentent considérablement. Les enfants doivent à la fois pouvoir jouir de leur droit à l’éducation et acquérir des compétences et connaissances pour rompre le cercle vicieux de la pauvreté.

De plus, il est nécessaire de concentrer les efforts sur les couches et les zones les plus défavorisées, afin de permettre à ce que les enfants entrent dans le système éducatif à l’âge requis, fréquentent assidument l’école, acquièrent les connaissances nécessaires et terminent les 9 années de l’enseignement fondamental.

https://www.unicef.org/haiti/education
https://www.globalpartnership.org/fr/where-we-work/haiti#:~:text=Le%20syst%C3%A8me%20scolaire%20ha%C3%AFtien%20est,de%20l’ensemble%20des%20%C3%A9l%C3%A8ves.

Hubert de Ronceray, Sociologie du fait haïtien. (1979)