DAJABON, République dominicaine (AP) – Bien-Aimé St. Clair a froncé les sourcils alors que le flot de migrants haïtiens âgés le dépassait. Accusés de vivre illégalement en République dominicaine, ils savaient qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de retraverser la frontière vers Haïti.
Mais St. Clair, 18 ans, hésite. Il a crié à un agent de l’immigration.
“Patron ! Je ne connais personne là-bas”, a-t-il crié en espagnol, faisant signe à Haïti alors qu’il se tenait à la frontière que les deux pays partagent sur l’île d’Hispaniola.
Clair n’était qu’un enfant lorsque sa mère l’a amené en République dominicaine, et bien que sa vie ait été difficile – sa mère est morte quand il était jeune, son père a disparu, et il est resté seul pour élever son frère handicapé – c’est la seule vie qu’il ait connue.
Et maintenant, il a été forcé de partir, comme plus de 31 000 personnes déportées par la République dominicaine vers Haïti cette année, dont plus de 12 000 au cours des trois derniers mois seulement – un pic énorme, selon les observateurs. Alors que le reste du monde ferme ses portes aux migrants haïtiens, le pays qui partage une île avec Haïti prend également des mesures de répression d’une manière qui, selon les militants des droits de l’homme, n’a pas été vue depuis des décennies.
Des hommes jouent aux dominos pendant leur temps libre dans la communauté de Batey La Lima, à La Romana, en République dominicaine, mercredi 17 novembre 2021. Les militants des droits de l’homme affirment qu’une augmentation des mauvais traitements infligés aux Haïtiens du pays a coïncidé avec l’ascension de Luis Abinader, qui a pris ses fonctions de président en août 2020. (AP Photo/Matias Delacroix)
Des hommes jouent à une partie de dominos pendant leur temps libre dans la communauté de Batey La Lima, à La Romana, en République dominicaine. (AP Photo/Matias Delacroix)
Selon eux, l’augmentation des mauvais traitements infligés aux Haïtiens du pays a coïncidé avec l’ascension de Luis Abinader, qui a pris ses fonctions de président en août 2020.
Ils accusent le gouvernement de cibler les populations vulnérables, de séparer les enfants de leurs parents et de pratiquer le profilage racial – Haïti est en grande majorité noire, tandis que la majorité des Dominicains s’identifient comme métis. Les autorités dominicaines, disent-ils, ne recherchent pas seulement les Haïtiens qui ont récemment traversé illégalement en République dominicaine, mais aussi ceux qui y vivent depuis longtemps.
“Nous n’avons jamais vu cela”, a déclaré William Charpantier, coordinateur national de l’organisation à but non lucratif National Roundtable for Migration and Refugees. “Le gouvernement agit comme si nous étions en guerre”.
Des hommes se baignent dans la rivière Massacre, à la frontière entre la République dominicaine et Haïti, à Ouanaminthe, en République dominicaine, le vendredi 19 novembre 2021. Alors que le reste du monde ferme ses portes aux migrants haïtiens, le pays qui partage une île avec Haïti sévit également d’une manière qui, selon les militants des droits de l’homme, n’a pas été vue depuis des décennies. (AP Photo/Matias Delacroix)
Des hommes se baignent dans la rivière Massacre, à la frontière entre la République dominicaine et Haïti, à Ouanaminthe, en République dominicaine. (AP Photo/Matias Delacroix)
Ils ont arrêté des Haïtiens qui ont traversé illégalement la République dominicaine, des Haïtiens dont le permis de travail dominicain a expiré, des personnes nées en République dominicaine de parents haïtiens mais à qui on a refusé la citoyenneté, et même, selon les militants, des Dominicains noirs nés de parents dominicains que les autorités ont pris pour des Haïtiens.
Source:https://apnews.com/article/dominican-republic-haiti-migrants-deported-crackdown-fb0b796b645e6c418094fe3f28298ea5