Une série d’articles du New York Times remet en lumière la tragique histoire de l’indépendance d’Haïti et la dette astronomique que le pays a dû payer à la France au 19e siècle. Le New York Times estime que les sommes versées à la France à partir de 1825 pour indemniser les esclavagistes auraient coûté au pays jusqu’à huit fois son PIB en 2020. Le sujet reste peu exploité par la classe politique haïtienne.
Les paiements exigés par la France ont autant privé l’économie haïtienne de ressources vitales à son essor, qu’ils ont permis à son ancienne métropole de prospérer.
Le New York Times a ainsi montré comment, à la fin du 19e siècle, la banque CIC a rapatrié en France, via des emprunts toxiques censés aider Port-au-Prince à purger sa dette, les revenus de la jeune banque nationale haïtienne.
Ces capitaux ont, par la suite, permis à l’établissement bancaire parisien de financer notamment la construction de la Tour Eiffel. L’actuelle maison-mère du CIC a réagi lundi aux révélations du média américain.
“Parce qu’il est important d’éclairer toutes les composantes de l’histoire de la colonisation – y compris dans les années 1870, la banque mutualiste financera des travaux universitaires indépendants pour faire la lumière sur ce passé” a annoncé le Crédit Mutuel dans un communiqué de presse.
À travers son travail d’enquête, le New York Times remet également en lumière le pillage des réserves d’or haïtiennes par les soldats américains au début du 20e siècle.Pillage des reserves d’or haïtiennes par les soldats américains au début du 20ème
“17 décembre 1914. Huit Marines américains franchissent le seuil de la banque nationale d’Haïti en début d’après-midi et en ressortent les bras chargés de caisses en bois remplies d’or. Valeur de la cargaison : 500.000 dollars”, rapporte le journal.
Ces faits ont précédé l’invasion d’Haïti par l’armée américaine, qui a occupé le pays de juillet 1915 à août 1934. Les États-Unis ont gardé le contrôle direct des finances haïtiennes plus d’une décennie après le départ de ses troupes.