À partir du milieu du XVIIIe siècle, le genre des traités du « parfait ambassadeur » ou de « l’art de négocier » tend à s’épuiser, du moins dans les ouvrages destinés au « public », alors que les discours critiques contre la diplomatie des rois, ses hommes et ses formes se multiplient dans la production des philosophes des Lumières. La littérature destinée à former les envoyés à l’étranger tend à se « fermer » en un savoir professionnel écrit par des spécialistes à destination de spécialistes. Ainsi, c’est dans les bureaux des Affaires étrangères que se construit et se maintient une forme de tradition littéraire concernant « l’art » ou la « science » des négociations ou les qualités nécessaires aux « bons ambassadeurs ». En témoigne notamment un texte anonyme probablement daté de 1786 ou 1787 et intitulé « Plan d’étude et de conduite pour un jeune homme qui se destine aux Affaires étrangères »1, mais cette tradition persiste également sous la forme de synthèses d’ouvrages anciens, notamment dans les encyclopédies comme celle d’Yverdon ou dans le Dictionnaire Universel… de Robinet.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la plupart des « philosophes » des Lumières (au sens le plus large du terme) entretiennent une image négative de la diplomatie et de ses acteurs. Le négociateur, c’est le « Protée » de La Bruyère4 qui, sous le contrôle de ses affects et son air entendu, ne dissimule que des secrets inutiles et une politique contraire à l’intérêt des peuples. La « politique » est caractérisée comme une école du mensonge et du secret, dont l’activité est en opposition avec l’espace public nécessaire aux relations de réciprocité entre les peuples5. Le savoir diplomatique dans sa globalité n’est qu’un esprit de mesquinerie et de tromperie : « Toutes ses vues, toutes ses maximes, tous les raffinements de sa politique tendent à une seule fin, qui est de n’être point trompé, et de tromper les autres », écrivait La Bruyère, repris et diffusé dans l’Encyclopédie par exemple6. L’art de négocier est assimilé à l’art de tromper et de mentir pour défendre une « politique » qui ne sert que l’ambition des rois et de leurs cours.
C’est bien l’inutilité ou la vanité de la diplomatie et de l’art de négocier qui ressort des textes des Lumières. Selon Diderot, les dépêches des ministres contiennent « peu de chose importantes noyées dans beaucoup d’inepties ». Leur véritable tâche devrait être de s’instruire parfaitement de tout ce qui concerne une nation et d’en fournir des mémoires que l’on comparerait avec ceux de leurs prédécesseurs. Aussitôt ce travail accompli, le ministre serait envoyé dans un autre pays et « la longue résidence dans une même cour serait un signe infaillible d’imbécillité »7.
En signe de représailles des derniers événements diplomatiques entre Haïti et la République dominicaine, le gouvernement dominicain, après avoir menacé de couper les visas d’étudiants et de déporter les travailleurs haïtiens, s’adonne maintenant par la filière de l’Immigration dominicaine, à rapatrier toutes les femmes enceintes haïtiennes sans papiers.
Plusieurs femmes enceintes haïtiennes ont été capturées par des officiers de l’immigration dominicaine Pour justifier leurs actes, les officiels dominicains pointent vers le fardeau financier que constituent les accouchements de femmes haïtiennes dans les hôpitaux publics. Selon le ministre de l’Intérieur Jesús Vásquez Martínez « Nous avons une situation grave (…) le nombre de femmes (haïtiennes) qui accouchent a augmenté de 15 à 40 % (dans les hôpitaux dominicains), l’État n’est pas en mesure de résoudre la situation à la fois des Dominicains et des Haïtiens, nous ne pouvons le faire qu’en cas d’urgence »
Jeudi dernier 4 novembre, 45 femmes, dont 28 enceintes de plusieurs mois, ont été rapatriées. Du mardi 9 au mercredi 10 novembre, pas moins de 53 femmes enceintes ont été refoulées à Belladères, dans le Plateau Central. « Une mère a été expulsée après avoir subi une césarienne. Cependant, son bébé est toujours gardé sous assistance de l’autre côté », a relaté la présidente du comité des droits humains de Belladères, Mme Marie Yolaine Vertus, qui s’indigne de ces violations des droits humains.
Nathalie Dorival, une femme haïtienne de 34 ans, elle a failli accoucher dans un bus alors que les services migratoires dominicains l’expulsaient vers la frontière d’Haïti. Grâce aux efforts de l’ambassade d’Haïti en République Dominicaine et du Conseil National de l’Enfance et de l’Adolescence (CONANI), samedi dernier, Dorival, est maintenant chez elle à El Café de Herrera sain et sauf avec son bébé.
L’Alliance des Forces organisées et solidaires pour Haïti (ANFOS) pour sa part dans une note d’indignation a fait savoir que : « Chasser une femme enceinte d’un hôpital en raison de son statut de migrante est un acte qui mérite de la probation ».
Des officiers de l’immigration dominicaine et des immigrants haïtiens Par ailleurs, dans un communiqué de protestation, le Ministère haïtien à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) condamne les conditions infra humaines de déportation de plusieurs femmes haïtiennes enceintes. « Investir les hôpitaux pour déporter en Haïti les femmes qui viennent tout juste d’accoucher et garder leurs bébés dans des couveuses en République dominicaine constitue un acte inhumain ». Alors, quelles sont les retombées de la visite de l’envoyé spécial du gouvernement haïtien Daniel Supplice en République Dominicaine ? Au cours d’une conférence de presse le mardi 16 novembre 2021 en la résidence officielle du premier ministre, l’envoyé spécial d’Haïti en terre voisine, Daniel Supplice a fait le bilan de sa mission en République dominicaine.
Il a signalé qu’il y a eu de multiples rencontres avec la communauté haïtienne et également les officiels du gouvernement dominicain, sans oublier le nonce apostolique qui est le doyen du corps diplomatique, le représentant des nations-unies en République dominicaine et le directeur de l’Office National de la Migration (OIM).
Au président Abinader « Je lui ai dit qu’il n’est pas possible que les étudiants haïtiens en République dominicaine subissent les conséquences de la tension diplomatique »
L’envoyé spécial d’Haïti en terre voisine, Daniel Supplice Sur la question des déportations des femmes enceintes, que sa mission n’a pas empêché, Supplice a indiqué , il a profité pour condamner les violations graves de Droits humains constatées lors des rapatriements de plusieurs dizaines de femmes enceintes à la frontière par les autorités dominicaines et demande aux autorités dominicaines de mettre un terme à cette mauvaise pratique.
Pourtant, l’Organisation des Nations Unies dans un communiqué appelle les autorités de l’État dominicain, de suspendre ces actions qui «violent les droits humains de la population immigrante haïtienne et mettent en danger l’intégrité physique et la vie de ces femmes et violent le processus établi dans les protocoles nationaux et les conventions et normes internationales sur l’expulsion des migrants »
L’administration en place n’a pas soufflé grand mot, comme il l’avait fait dans le cas des expulsés du pont del Rio, au Texas. Outre le communiqué du ministère à la condition féminine, pas une note officielle émanant du gouvernement pour exiger de la république voisine, l’arrêt des représailles de déportations.
L’ambassadeur ordinaire Smith Augustin , vanté pour son expertise e, bardé de diplômes, CV élogieux et carnet d’adresses bien achalandé pour avoir, a-t-on appris, vadrouillé dans de le couloir de la diplomatie, s’enferme tranquillement dans sa tanière de luxe en République Dominicaine, alors que les enjeux se multiplient.