De retour au bercail, le ministre Nesmy Manigat, dans son discours prononcé en créole, a annoncé, d’entrée de jeu, le retour en force des 12 mesures pour, selon lui, consolider un système éducatif malade et qui mérite de recevoir une dose que nécessite son cas. Il dit souhaiter mettre le focus sur trois champs d’action. À l’entendre, la priorité revient au relèvement du grand Sud. C’est pourquoi il appelle les différents partenaires techniques et financiers à consentir plus d’efforts dans cette région touchée par le séisme du 14 août dernier.
Autres champs prioritaires pour le ministre Manigat, ce sont les écoles situées dans les zones de non-droit. « Des actions solides doivent être entreprises afin que les jours de classe restent sacrés dans quelle que soit la zone ou quel que soit le quartier se trouvant l’établissement scolaire », a-t-il annoncé. Les zones frontalières sont aussi ciblées par le ministre Manigat, pour qui celles-ci méritent d’avoir des infrastructures scolaires en vue d’empêcher la migration de nos enfants en terre voisine.
Nesmy Manigat a été ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle en Haïti (de 2014 à 2016), où il entama plusieurs réformes dont la mise en place d’un nouveau curriculum pour le secondaire. Il a promu plusieurs projets de lois sur l’éducation en Haïti, dont la toute première loi sur la formation technique et professionnelle, créa l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle et lança l’Office national du partenariat en éducation.
Il siège depuis 2016 dans les instances du conseil d’administration du Partenariat mondial pour l’éducation (Global Partnership for Education) où il occupe aujourd’hui la fonction de président du Comité de finances et des risques, après avoir occupé pendant quatre ans celui de président du Comité de gouvernance et d’éthique.
Le dossier de plus de 507 étudiants diplomés de l’école normale supérieure (ENS) seront urgemment traités, garanti le nouveau titulaire du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), Nesmy Manigat. Ils seront nommés, renchérit le ministre qui annonce la prise en compte de plusieurs autres dossiers incluant la FIA, le CEFEF et les syndicats d’enseignants.
Pour sa première journée de travail depuis son retour à la tête du MENFP, le ministre Manigat a rencontré un des représentants des étudiants de l’ENS, promotion 2014-2018, Wilkens Risemé. Il garantit que le diplomé et toute sa promotion seront bientot nommés enseignants publics incluant les 507 autres dont les dossiers sont déposés au ministère en 2014-2016.
“Les dossiers des étudiants ne peuvent pas attendre. Premier jour de travail à MENFP, nous avons rencontré le diplomé en option physique, école normale supérieure, Wilkens Risemé, promotion 2014-2018. Les ventes dans la rue ne sont pas déshonorables, mais Wilkens et le reste de la promotion nommeront des enseignants publics, comme 507 candidatures d’étudiants de l’ENS déposées en 2014-2016”, a écrit M. Manigat sur sa page facebook.
Coup d’œil sur les 12 mesures prises par Nesmy Manigat durant son passage au MENFP de 2014 à 2016
1. À compter de l’année scolaire 2014-2015, l’accès en salle de classe est conditionné par la détention d’un permis d’enseigner, obligatoire, pour tout (e) moniteur (trice) intervenant au niveau du préscolaire et tout (e) enseignant (e) aux niveaux du fondamental, du secondaire et du professionnel dans toutes les écoles haïtiennes. Le MENFP octroie à chaque enseignant(e) des secteurs public et non public, dûment recensé (e) entre le 8 et le 30 septembre 2014, un « Permis provisoire d’enseigner (PPE)». Le PPE est valable pour une durée de deux (2) ans. Il sera renouvelé après requalification par une formation continue et/ou la vérification que l’enseignant (e) possède un titre académique et une expérience attestée. Il doit aussi démontrer des compétences correspondant au référentiel du métier enseignant défini par le MENFP.
2. Tous les établissements des niveaux préscolaire, fondamental, secondaire et professionnel, des secteurs publics et non public, doivent être munis d’une « Carte d’identité d’établissement ». Le MENFP octroiera aux établissements dûment recensés entre le 8 et le 30 septembre 2014 une « Carte d’identité d’établissement (CIE) ». Ce document sera exigible pour toutes les transactions avec le MENFP. Aucun établissement d’enseignement ne sera admis à fonctionner sans la CIE. Pour les établissements qui n’ont pas de permis de fonctionnement, la CIE ouvre la voie vers leur reconnaissance par le MENFP. L’obtention de la CIE par un établissement scolaire ne signifie pas détention du permis de fonctionnement. Ce dernier doit être obtenu dans un délai ne dépassant pas (2) ans. Dans le cas contraire, l’établissement concerné ne sera plus autorisé à fonctionner.
3. En conformité avec le décret du 30 mars 1982 portant réforme du système éducatif haïtien, l’évaluation des apprentissages en fin de 6e année fondamentale est assurée par les établissements scolaires à partir de l’année scolaire 2014-2015. Les décisions de fin d’année sont transmises à l’inspection scolaire selon les modalités et dans les délais fixés par l’administration. Le MENFP organise des évaluations nationales ciblées, à partir de la 4e année fondamentale sur les disciplines de base. 3.1. Il sera procédé à des audits réguliers des systèmes d’évaluation mis en place par les établissements de niveau fondamental sous réserve de sanctions pour ces derniers qui ne respectent pas le cahier des charges.
4. En conformité avec le décret du 30 mars 1982, portant réforme du système éducatif haïtien, les établissements scolaires du secondaire organisent l’évaluation des élèves de la classe de première (communément appelée classe de rhéto) à partir de l’année scolaire 2014-2015. Le MENFP organise pour la dernière année du secondaire une évaluation officielle unique de fin d’études secondaires. 4.1. Les élèves de la promotion de rhéto 2013-2014 et des promotions des années antérieures ayant échoué aux examens d’Etat doivent refaire et réussir ladite classe dans une école reconnue par le MENFP comme condition de leur participation aux examens de fin d’études secondaires. 4.2. Le baccalauréat permanent institué par l’arrêté présidentiel du 26 mars 2007 demeure en vigueur et ne concerne que les candidats recalés des classes terminales de 2013-2014 et des années antérieures selon des modalités à déterminer par le Bureau national des examens d’Etat (BUNEXE). 4.3. Il sera procédé à des audits réguliers des systèmes d’évaluation mis en place par les établissements de niveau secondaire sous réserve de sanctions contre ceux ces derniers qui ne respectent pas le cahier des charges.
5. Les lycées de la République assureront désormais et uniquement des enseignements du niveau secondaire. Les enseignements des 1er, 2e et 3e cycles du fondamental sont dispensés dans des établissements d’enseignement fondamental. L’application de cette mesure se fera progressivement selon un plan élaboré en concertation avec les Directions départementales d’éducation, la Direction de l’enseignement secondaire et la Direction de l’enseignement fondamental. Les enseignants des lycées doivent respecter le nombre d’heures d’enseignement prévu selon leur statut. Quant aux enseignants dits à temps plein, leurs heures de travail sont consacrées à des enseignements en salle de classe et à l’encadrement d’élèves en difficulté ou à d’autres tâches convenues avec l’administration de l’établissement. Les directeurs d’établissement et les censeurs des études doivent prendre des dispositions en vue de l’application stricte de ces mesures.
6. Les établissements publics et les écoles subventionnées, dont le taux de réussite aux examens officiels est inférieur ou égal à 20%, sont automatiquement placés sous la surveillance d’un comité de gestion provisoire chargé de les aider pendant deux années consécutives en accompagnant le directeur et les enseignants à améliorer le niveau de rendement scolaire des élèves.
7. Dans le cadre du Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO) seules les écoles publiques sont autorisées (sauf dérogation formelle du MENFP) à accueillir la nouvelle cohorte en première année fondamentale 2014-2015. Les enfants déjà en cours de scolarisation à travers le PSUGO poursuivent normalement leur parcours d’études.
8. En conformité avec le décret du 11 septembre 1974 portant sur l’ouverture d’une école privée, aucun nouvel établissement d’enseignement n’est autorisé à ouvrir ses portes, à compter de l’année académique 2014-2015, sans autorisation, préalable du MENFP. Cette disposition est d’application stricte et immédiate.
9. Tous les enseignants émargeant au budget du MENFP et éligibles à la pension civile sont invités à faire valoir leur droit à la retraite, conformément aux lois en vigueur régissant la matière (âge et nombre d’années de service).
10. Après une année de stage, les diplômés des Écoles normales supérieures (ENS), Écoles normales d’instituteurs (ENI), des centres de Formation initiale accélérée (FIA), du Centre de formation pour l’école fondamentale (CFEF) et des institutions spécialisées en sciences de l’éducation ont la priorité lors de tout nouveau recrutement d’enseignants.
11. Conjointement avec le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), le MENFP organise annuellement une campagne de vaccination dès l’ouverture des classes au profit des élèves.
12. À la fin de l’année scolaire, un dispositif de récompenses est mis en place afin de reconnaître pour chaque Département d’éducation, les établissements scolaires, les inspecteurs de district et de zone, les directeurs d’école, les enseignants et les élèves les plus performants. De ces groupes départementaux est extraite une liste de ceux qui sont distingués au plan national.