Dans ses recommandations, l’accord du 30 août 2021, proposé par la Commission pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise, a prévu la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT). Ce conseil, précise Lesly Voltaire de l’organisation politique Fanmi Lavalas, signataire dudit accord, sera transformé en organe de contrôle de la transition avec l’addition de deux membres par département afin que tous les départements en fassent partie.
« Nous sommes sur la bonne voie. Des correspondances ont été adressées aux secteurs signataires de l’accord pour qu’ils envoient leurs délégués au Conseil national de transition. Les partis politiques ont déjà désigné leurs représentants », fait savoir Lesly Voltaire à l’émission Panel Magik, sur Magik 9, le mardi 12 octobre 2021. « D’ici la fin de la semaine, nous aurons tous les membres du Conseil national de transition », ajoute-t-il.
Le Conseil national de transition, fruit de l’accord de Montana, a pour vocation d’accorder une certaine légitimité aux dirigeants de la transition. « Nous sommes en face de six grandes crises : un vide institutionnel, l’assassinat du président, le tremblement de terre, le cyclone, l’insécurité et l’impunité […]. Il doit y avoir une réaction de la société disant que c’en est assez. Il faut mettre sur pied un système crédible, parce que le vide institutionnel empêche de choisir un président et un Premier ministre qui soient crédibles », souligne le dirigeant de Fanmi Lavalas.
« League Haitian American Diaspora Alliance Network » (LHADAN) exprime ses soucis par rapport au “sommet” international de Louisiane sur Haïti. Dans une note en date du 4 janvier, elle estime que ledit sommet va à l’encontre des intérêts d’Haïti.
Washington, le 4 janvier 2022.- « Nous apprenons avec stupéfaction qu’un sommet international sur Haïti se déroulera dans la ville de Louisiane. Nous estimons que ledit sommet va à l’encontre des desiderata du peuple haïtien et qu’il est condamné par la majorité des Haïtiens vivant en Haïti et en outre-mer ». C’est du moins la position de « League Haitian American Diaspora Alliance Network » (LHADAN), dans une note de presse datée du 4 janvier 2022, dont copie est parvenue à la rédaction de Vant Bèf Info (VBI).
LHADAN dit valider la déception du peuple haïtien relative à ce douteux sommet et informe ses adhérents qui veulent y prendre part, que leur présence n’engage pas notre organisation, lit-on plus loin dans cette note.
Cette structure de la diaspora haïtienne rappelle à tous ses membres qu’ils sont indépendants et donc libres d’être partie prenante des activités de leur choix.
Considérant que le pays fait face à une situation extrêmement difficile et que les solutions viables et fiables pour le sortir de sa crise doivent être décidées exclusivement par des Haïtiennes et des Haïtiens conséquents et consciencieux, sans ingérence aucune de la communauté internationale, LHADAN s’oppose à toute démarche visant à maintenir le statu quo du Core Group et de l’ONU qui refusent de respecter la souveraineté de la République d’Haïti, a fait savoir l’entité.
Après deux longues journées de travail en atelier, les délégués des différents accords politiques présents au Sommet de l’unité haïtienne en Louisiane, aux Etats-Unis, ont désigné l’économiste Fritz Alphonse Jean comme président provisoire d’Haïti. C’est le général à la retraite de l’armée américaine, Russel L. Honoré qui a fait l’annonce sur son compte Twitter.
La tâche du CNT sera essentiellement de recevoir les candidatures pour les postes de président et de chef de gouvernement, les analyser et choisir les dirigeants de la transition. Les candidats potentiels doivent être honnêtes, intègres et jouir d’une certaine réputation de personnes engagées et patriotes. Par ailleurs, les personnes indexées dans le scandale PetroCaribe et les massacres perpétrés dans les quartiers populaires ne peuvent pas participer à ce processus, prévient M. Voltaire. « Si nous voulons vraiment mettre le pays sur la voie du développement et de la sécurité, beaucoup de gens ne feront effectivement pas partie de la solution », martèle-t-il.
Toutefois, Lesly Voltaire ajoute que l’accord de Montana n’exclut personne. Le Dr Ariel Henry, actuel Premier ministre du pays, peut lui aussi, soutient-t-il, se porter candidat. « Si le Dr Ariel Henry veut devenir président ou Premier ministre légitime, il peut poser sa candidature. Il a suffisamment d’alliés avec tous les secteurs qui le soutiennent pour gagner », déclare Lesly Voltaire.
« Nous faisons face à une grande crise. Nous avons besoin de beaucoup de support de la société pour accepter les sacrifices qui vont être consentis. Si vous êtes seuls, personne ne vous suivra. Qu’est-ce qui empêche Ariel Henry de diriger le pays avec les secteurs qui le soutiennent ? », avance M. Voltaire. Pour lui, il n’est pas possible de fusionner l’accord du 30 août avec celui du Premier ministre Ariel Henry. « Notre accord a été trouvé dans un processus de négociation avec tous les secteurs. Les autres accords, ce sont des accords pour des « jobs » », renchérit-il, précisant qu’ils ont déjà rencontré Ariel Henry et n’enlèvent pas la possibilité de le rencontrer à nouveau car, ajoute-t-il, leur vocation, ce n’est pas de prendre la place du Premier ministre mais plutôt de doter le pays de dirigeants crédibles.
Après la mise en place du Conseil national de transition, plusieurs scénarios sont envisageables. « Après cela, vous pouvez voir la population revendiquer son départ, que ce soit à travers les médias ou des manifestations. L’on peut voir également ceux qui ont envoyé leurs représentants au CNT mettre la pression pour que ce soient les dirigeants qu’ils ont choisis qui prennent le pouvoir », affirme Lesly Voltaire.