La politique et la vérité sont presque toujours en contradiction en Haiti. Nous attendons de l’homme politique qu’il nous dise la vérité mais la vérité est un absolu et la politique vit sur la croyance qu’elle peut changer la société et même le monde. Cette contradiction crée de terribles erreurs. Prenons l’exemple de Coriolan, général romain, vainqueur d’un peuple ennemi, les Volsques. Revenu à Rome, il lui est difficile d’accepter un compromis démocratique pour accéder au pouvoir. Or, pour moi, le compromis politique, incarné par sa mère, Volumnia, est positif. Grâce au dialogue entre deux opinions, au départ contradictoires, on arrive à une troisième opinion commune qui permet une synthèse démocratique.
Les “tragédies romaines” de Shakespeare, “Coriolan”, “Jules César” et “Antoine et Cléopâtre”, sont proposées au Kaaitheater, ce week-end, à l’invitation de la Monnaie. Un marathon passionnant aux résonances politiques contemporaines, appuyé par un système de vidéo souple. Une “arène” où le spectateur peut se détendre quand bon lui semble, sur le plateau même de l’action. Rencontre avec le metteur en scène, Ivo van Hove.
Les “tragédies romaines” de Shakespeare, “Coriolan”, “Jules César” et “Antoine et Cléopâtre”, sont proposées au Kaaitheater, ce week-end, à l’invitation de la Monnaie. Un marathon passionnant aux résonances politiques contemporaines, appuyé par un système de vidéo souple. Une “arène” où le spectateur peut se détendre quand bon lui semble, sur le plateau même de l’action. Rencontre avec le metteur en scène, Ivo van Hove.
La trilogie “Coriolan”, “Jules César” et “Antoine et Cléopâtre” vous permet de “scanner” les rapports entre politique et vérité ?
Le rôle des femmes dans ces tragédies est important, surtout dans “Antoine et Cléopâtre”. Vous l’accentuez en transformant certains personnages masculins en femmes (ex. Cassius, ami de Brutus et surtout Octave, le rival d’Antoine)…
Je crois que les femmes ont un énorme sens politique et une force peu commune qui commence seulement à se manifester, ces dernières années, dans nos grandes démocraties. Hillary Clinton, Angela Merkel, Ségolène Royal et Cecilia Sarkozy prouvent que sphère privée et sphère publique se rapprochent. Alors, “féminiser” certains personnages masculins, dans Shakespeare, ce n’est pas leur donner moins de force mais plus de force. Voyez le rapport de forces entre Cléopâtre et Antoine. Amour et politique, sphère privée et publique, sont indissociablement liés. Elle se bat et, par son suicide, refuse que son pays, l’Egypte, devienne une colonie romaine. Dans le comportement de l’Empire romain, vis-à-vis des Volsques et des Egyptiens, on retrouve le thème très contemporain du “choc des civilisations”.
Votre mise en scène essaie de transplanter dans notre monde contemporain ces histoires très lointaines. Quelles sont vos options ?
D’abord tous les acteurs sont habillés comme vous et moi et ressemblent à des hommes, politiques modernes. La scène est une “arène” où tout le monde se croise, les acteurs qui jouent et les spectateurs qui vont boire et manger sur les côtés du plateau, ce qui leur permet de se détendre pendant les six heures du spectacle, interrompues seulement par les changements de décor. Il y a neuf caméras et des écrans vidéo partout, donc vous avez l’impression de ne jamais rien rater de l’action.
Le Secrétaire général du Conseil des ministres, Rénald Lubérice, le Ministre de la Justice et de Sécutité Publique, Me Rockfeller Vincent, et le Commissaire du Gouvernement a.i près le Tribunal de Première instance de Port-au-Prince, Bed-Ford Claude, ont perdu leur poste sur odre verbal du Premier ministre Ariel Henry,
Aujourd’hui, avec CNN, qui donne beaucoup d’infos mais pas toute l’info, on a aussi l’impression de tout voir et de tout connaître. Notre spectacle essaie de rendre compte de cet appétit d’infos et de cette volonté, illusoire, de tout savoir sur le monde.