Il est dit dans les saintes Écritures que la justice élève une nation. Il est une évidence que la bonne marche de toute société en dépend. Parlant de la justice haïtienne, on n’est pas certain de pouvoir tenir un tel discours, car son état pitoyable rabaisse le pays et tue son image sur la scène internationale. Un contemporain disait déjà: « Ce n’est pas parce que les pays sont riches et développés que la justice est forte, c’est plutôt parce que la justice est forte que les pays sont riches et développés».
En effet, la justice est, par définition, un service public distribué à travers les cours et les tribunaux de la République. Par conséquent, il est de la responsabilité de l’État de rendre la justice de manière institutionnalisée et indépendante du pouvoir politique. Et, surtout, une justice saine et équitable qui ne privilégie pas les nantis (grandon).Notre justice fonctionne en dent de scie. Elle n’inspire pas confiance parce qu’elle vit de scandale en scandale tandis qu’il est de principe que la justice n’en vit pas, mais elle en meurt. En fait, la corruption s’installe avec arrogance et ne semble déranger personne. L’institution qui est censée là pour sanctionner les contrevenants est trempée jusqu’au cou.
Selon James Boyard, la corruption dans la magistrature haïtienne est définitivement la cause de l’extraterritorialité de la justice américaine en Haïti. De l’avis du professeur, l’impérialisme judiciaire des États-Unis en Haïti est le signe d’un profond malaise des autorités américaines et d’autres partenaires internationaux par rapport au fonctionnement calamiteux du système judiciaire haïtien, car de nombreux rapports ont été publiés par le gouvernement américain, de la Minustah, de l’Union européenne, des organismes haïtiens et internationaux affirmant que l’appareil judiciaire haïtien est profondément malade et corrompu. On devrait se sentir indigné! Dommage! On perd toute notion de ressentiments.
Le dysfonctionnement du système judiciaire gangrené par la corruption constitue une entrave à la bonne marche de la société haïtienne, déplore le coordonnateur national de l’observation électorale à Justice et Paix (Jilap), Rovelson Apollon, lors d’une interview téléphonique accordée à AlterPresse.
Le système judiciaire est confronté à de multiples problèmes notamment d’ordre administratif et politique, qui empêcheraient aux dossiers d’avancer, critique Apollon soulignant combien la justice haïtienne est sous administrée.
Le système judiciaire est non seulement sous l’emprise du pouvoir exécutif mais aussi du législatif, condamne-t-il.
Lorsqu’un corps est infecté par un virus, il faut l’en extraire pour éviter sa propagation. L’ Amnesty International dans un t rapport rendu public, la justice haitienne est en train de sombrer dans un profond coma. Le niveau de défiance vis-à-vis des magistrats haitien atteint un niveau record, et traduit une véritable rupture de confiance entre les citoyens et l’institution judiciaire. Il faut appeler un chat, un chat : la magistrature haitienne recèle des personnages sulfureux, corrompus jusqu’à la moelle des os, qui jettent le discrédit sur la Justice et nourrissent les suspicions légitimes de nos concitoyens.
Il suffit d’écouter les groupes et les figures saillantes Haitienne de la la diaspora pour en avoir une idée. les dirigeants Haitiens dominent le système judiciaire du pays, un système qui est totalement à leur merci». Le gouvernement Martelly est, effectivement, ces derniers temps, critiqué à l’intérieur du pays, mais aussi, à l’extérieur, pour la corruption qui ronge son appareil judiciaire. Ce qui est synonyme de l’injustice galopante, de la montée de la violence, au sein de la société, et des procédures judiciaires qui s’éternisent. La raison principale en est simple : la justice Haitienne, comme les autres instances du pays, d’ailleurs, est sous la domination des plus riches, d’autant plus que l’indépendance des pouvoirs est inexistante.
Lorsque des magistrats se comportent comme des malfrats, ils doivent être traités comme des délinquants, quel que soit leur statut dans l’organisation judiciaire. Le manteau du « Magistrat » ne saurait être un parapluie permettant de s’exonérer des lois, et de faire n’importe quoi. Magistrat ne rime pas impunité. Il faut rétablir les choses à l’endroit : les haitiens n’ont pas un problème avec la Justice de leur pays, mais avec certains hauts magistrats qui abusent de leur position, s’autorisent tous les écarts et rendent la justice au nom de l’exécutif.
Toutes les décisions de justice conférant une « légalité » aux actions de Jovenel Moise portent l’empreinte des hauts magistrats précités.Quel que soit son rang, aucun magistrat n’a pas le Droit d’interférer dans le jeu politique pour satisfaire les caprices « du president ». Le lynchage de la Justice haitienne par nos concitoyens et par des Institutions régionales et internationales (Amnesty International)est le signe que l’Institution judiciaire a perdu toute crédibilité.
A vrai dire, les membres du régime sont très mal placés pour donner des leçons de morale aux citoyens qui critiquent à bon droit, le fonctionnement d’une Justice synonyme d’injustice.
Ceux qui disent le Droit et rendent la justice au nom du peuple ne sont nullement concernés par les critiques formulées à l’endroit d’une partie de la Justice. En revanche, les magistrats qui abusent de leur pouvoir, et jouent avec la liberté des haitiens ainsi que les magistrats , qui agissent en violation de la Loi organique portant Statut des magistrats (qui leur interdit de faire de la politique) sont frappés du sceau de l’Indignité.
Tous les magistrats corrompus doivent être classés dans la même rubrique que les « transhumants » : ce sont des rebuts de la société. Nul ne doit pas accepter que le corps de la magistrature soit souillé par des « magistrats corrompus, à la remorque du pouvoir exécutif » qui décrédibilisent l’Institution. Ce ne sont pas les citoyens haitiens qui portent atteinte à l’honorabilité de l’Institution judiciaire, mais certains magistrats cupides, qui, pour des intérêts matériels et des logiques de carrière professionnelle entachent l’image et la crédibilité de la Justice.
La Justice est une affaire sérieuse.Le sentiment de puissance et la jouissance que procure le « pouvoir d’emprisonner » ne doivent pas conduire à certaines dérives. Il appartient à nous et aux acteurs judiciaires, d’agir pour obtenir des garanties statutaires (gage d’indépendance), assainir le corps et redorer le blason de l’Institution fortement décriée. Ne l’oublions jamais, la Justice doit être rendue au nom du peuple.
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