Évidemment qu’il faut célébrer la Fête nationale! Il s’agit d’une occasion unique de prendre un temps d’arrêt afin de souligner le privilège que nous avons d’être Haïtiens. Au fil des années, nous avons vu cette fête se transformer. De la célébration d’une souveraineté espérée, elle est devenue symbole de violence ou qui autrefois , d’un Haiti uni malgré ses conflits et ses défis. Si certains ressentent la nostalgie du passé, je trouve pour ma part qu’il est émouvant et inspirant de voir tous ces gens, toutes origines et croyances politiques confondues, à qui Haiti donne envie de chanter et de danser.
Le monde salue le premier janvier de chaque année comme tous les débuts de chaque mois ou encore comme le début d’une année nouvelle. Mais les Haïtiens le conçoivent suivant deux aspects différents : tout d’abord en tant que le premier jour d’un mois et d’un nouvel an mais en outre il leur représente surtout l’anniversaire de la naissance de leur pays, l’Etat d’Haïti. La naissance du nouvel Etat n’est pas un accident; c’est un fait inouï aux yeux de tous. C’est le résultat de toute une série d’événements qui ont jalonné notre histoire depuis l’émergence de cette portion de terre de l’Amérique à partir des voyages de Colomb jusqu’à la fameuse bataille de Vertières qui a mis fin à la glorieuse et sanglante guerre de l’indépendance. La guerre étant terminée, tous les combattants du Haut-du-Cap furent récompensés. Ensuite Dessalines les dispersa dans leurs cantonnements respectifs où le peuple les feta. Le grand rendez-vous, le rendez-vous général est fixé aux Gonaïves, le 1er Janvier 1804 pour signifier cette colossale conquête du 18 Novembre 1803.
Le 1er Janvier 1804 fut particulièrement remarquable et importante aux yeux de tous ceux qui ont fait l’Indépendance depuis les combattants jusqu’aux généraux de l’armée indigène y compris tout le peuple d’une manière générale; car cette date marqua par une cérémonie solennelle la célébration de la proclamation de l’indépendance chèrement conquise par nos aïeux grâce à leurs prouesses guerrières. Ce vibrant appel qui rassemble sur la place d’armes des Gonaïves le peuple tout entier debout comme un seul homme dans un élan patriotique laissa présager le désir de Dessalines et des autres généraux de pérenniser dans le sang de chaque Haïtien la ferveur, la fougue, l’enthousiasme qui anima cette foule à l’occasion de ce grand jour, le 1er Janvier 1804. Qu’on se le rappelle, le commentaire de Boisrond Tonnerre concernant le texte préparé par Charéron qu’il jugeait norme et dont la lecture faisait dormir. Le trouvant indigne d’une déclaration d’indépendance privée de sentiments capables d’émouvoir les âmes du peuple déclara : “Tout ce qui a été fait n’est pas en harmonie avec nos dispositions actuelles : pour dresser l’acte de l’Indépendance, il nous fait la peau d’un blanc pour parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baïonnette pour plume !” Et Dessalines, d’un bord se dresse et s’exclame : “Boisrond, je te charge d’exprimer au peuple mes sentiments à l’égard des blancs”. Donc, le premier Janvier revêt un aspect particulier pour les Haïtiens mais malheureusement cet aspect n’est pas pris en compte par la postérité. Dessalines marqua encore sa volonté de voir pérenniser la conquête de cette indépendance par cette conclusion d’un discours prononcé le matin du 1er Janvier 1804 : “Jurons de combattre jusqu’au dernier soupir pour l’indépendance de notre pays”.
Quelle preuve de grands sentiments patriotiques manifestés à l’égard du 1er Janvier, lorsque quelques jours plus tard la publication des actes officiels dans toutes les villes et les bourgs d’Haïti provoqua de nouvelles jouissance populaires. Le premier Janvier de ce nouvel an marque le point de départ des prochains cinquante ans qui vont suivre les deux cents ans de notre indépendance dont on a raté la célébration le Premier Janvier, 2004. On a minimisé la portée de la célébration du deuxième centenaire de l’indépendance du pays. Il est impérieux de se rappeler les prouesses de nos guerriers, la volonté d’un Toussaint, celle d’un Dessalines pour qu’enfin l’on se ressaisisse et que l’on porte d’une base nouvelle afin que soient célébrés dans l’honneur, la paix et l’amour les deux cent cinquante ans de l’indépendance.
C’est maintenant qu’il faut commencer les préparatifs pour la célébration des deux cent cinquante de l’indépendance. Cela doit commencer dans les écoles par l’introduction poussée dans les écoles des cours d’éducation civique à tous les niveaux pour inculquer à l’esprit des jeunes Haïtiens le sens patriotique du Premier Janvier. Pour que les manifestations sociales, les manifestations populaires aient le sens qu’il faut au niveau politique les dirigeants doivent jouer leur partition en donnant des exemples de devoirs civiques aux jeunes universitaires, aux écoliers et à la population. Des exemples concrets dans leurs négociations avec les dirigeants étrangers, en négociants avec les dirigeants au profit du pays et non aux leurs. Pour cela il importe d’avoir à l’esprit le sens de la responsabilité quant aux closes dans les négociations avec les partenaires étrangers et la ferme résolution de les faire respecter; cela servira de leçons aux jeunes. Enfin, le 1er Janvier, pourrait se célébrer dans la décence chaque année avec l’esprit de paix, de bonheur, d’amour et de justice.
Le Premier Janvier rappelle la célébration de la proclamation de l’indépendance d’Haïti. Elle fut célébrée pour la première fois le Premier Janvier 1804, et cela précisément en réunissant les fils du pays dans une grande ferveur, patriotique que Dessalines voulait pérenniser. Tout a disparu aujourd’hui au 21ème siècle au point qu’on néglige toute la production nationale au profit de l’importation des produits d’autres pays, alors qu’on devrait voir s’épanouir l’idée prônée par Dessalines afin de développer le pays. Le Premier Janvier doit être le symbole de l’union, de l’amour, de paix et de justice pour les Haïtiens. Étant le fruit d’une union, cela devait marquer tous les Haïtiens aujourd’hui de telle sorte qu’on puisse fêter dans l’harmonie, la concorde et la fraternité.
Monseigneur Yves Marie Péan a fait appel à une conscience patriotique tout en demandant aux groupes armés de déposer les armes car on ne dialogue pas les armes à la main Alors que le doute persistait sur sa venue, le Premier ministre Ariel Henry a participé à la messe aux Gonaïves, un geste qu’aucune autorité politique n’avait pu poser durant les quatres dernières années.Nous souhaiterions que désormais notre mentalité change et que dans les années à venir la fête soit belle et célébrée dans l’amour et la paix.
Toutefois, les guerres intestines politiques et les grands débats idéologiques ne pourront jamais altérer la grandeur de l’histoire d’Haïti, la beauté de son paysage, la noblesse de sa langue, la richesse de sa culture et la diversité de son peuple. C’est là ce qu’il faut prendre le temps de célébrer chaque 1 Janvier .