Le mandat du président haïtien Jovenel Moïse arrive à échéance le dimanche 7 février 2021. L’Internationale Socialiste exprime son rejet et sa profonde inquiétude face à la décision dudit président de ne pas convoquer les élections prévues par la Constitution, ce qui anéantit toute possibilité de fin de mandat régulière et accroît le grave délitement de la démocratie dans le pays. Ces agissements portent à sept le nombre de scrutins de diverses natures – présidentiels, législatifs, d’élus locaux et autres – non convoqués ni organisés.
L’IS travaille auprès d’Haïti de manière permanente et depuis fort longtemps. À chacune des réunions de ses derniers Présidiums, l’organisation a écouté les interventions du vice-président Victor Benoit, leader de son parti membre, le Rassemblement social-démocrate pour le progrès d’Haïti (RSD), sur la gravité de la situation locale, et a reçu des rapports en ce sens de la part d’Edmonde Supplice Beauzile, leader de son autre parti membre, Fusion des sociaux-démocrates haïtiens. Il n’y a pas deux mois, lors de la réunion de son Comité pour l’Amérique latine et les Caraïbes en décembre 2020, l’Internationale a dénoncé la dérive autoritaire du président haïtien qui gouverne par décret et concentre différents pouvoirs publics sans aucune légitimité. À cette occasion, le Comité a salué les efforts déployés par l’opposition démocratique haïtienne qui demande la tenue d’élections libres conformément à la Constitution. Ce même Comité, réuni en Jamaïque en décembre 2019, avait condamné les atteintes aux droits humains en Haïti ainsi que le recours excessif à la force pour réprimer les manifestations, les assassinats et crimes perpétrés par les agents de l’État, ses milices et autres groupes criminels agissant de connivence avec les autorités, et exigé que des enquêtes soient menées et que la justice fasse la lumière sur les faits et les responsabilités.
En outre, toujours en 2019, le secrétaire général de l’IS s’est rendu à Port-au-Prince pour rencontrer les deux partis membres de l’organisation et, avec leur accord, s’entretenir avec le président de la République, lui proposant d’amorcer un dialogue politique national impliquant le gouvernement et les forces de l’opposition vers une normalisation de la situation dans le pays.
Sourd aux cris d’alarme lancés par les acteurs politiques haïtiens et aux propositions de dialogue de l’IS et d’autres membres de la communauté internationale, et au mépris de tout principe constitutionnel, Jovenel Moïse a, le 18 septembre dernier, porté création par décret d’un Conseil électoral provisoire lui permettant de prolonger de facto son mandat jusqu’au 7 février 2022. L’Internationale réfute l’interprétation présidentielle prônant l’existence d’un «vide institutionnel» et son corolaire illégitime qui voudrait le combler de manière irrégulière par la création de nouvelles entités et autorités.
Nous voyons aujourd’hui en Haïti que le crime et l’impunité, les violations des droits humains, la corruption de l’appareil public et la persécution politique des contestations sociales sont des réalités qui creusent jour après jour la crise économique, sociale et politique qui frappe le pays.
Face au grand défi de la démocratie et de l’ordre constitutionnel de la nation, l’Internationale Socialiste réitère la nécessité d’un dialogue national incluant toutes les forces politiques et sociales, pour obtenir qu’Haïti sorte de la spirale récurrente des crises. Il est essentiel que des élections libres et transparentes soient convoquées dès que possible, permettant de désigner de nouvelles autorités pleinement légitimes. L’Internationale Socialiste renouvelle son engagement auprès de ses partis membres et des forces démocratiques haïtiennes à atteindre cet objectif.
source :internationalesocialiste.org