Le Premier ministre démissionnaire haïtien Jean-Michel Lapin a fustigé mardi les policiers qui ont incendié les stands du carnaval à Port-au-Prince, dénonçant des «actes barbares» qui «ne cadrent pas avec la démocratie».
Lundi soir, à l’issue d’une manifestation de policiers, des incendies ont ravagé la quasi-totalité des stands construits sur la place du champ de Mars, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Le carnaval national est prévu les 23, 24 et 25 février.
«Le comportement de ce groupe de citoyens, ces policiers et policières, a placé la population qui était là dans une situation difficile car ils ont (procédé à) des tirs et ont incendié des biens publics», a dit M. Lapin à la presse mardi.
«Ces actes barbares, illégaux, inadmissibles et indignes du policier, viennent rappeler la violence aveugle des extrémistes et des terroristes», a-t-il ensuite dénoncé dans un communiqué.
Devant la presse, le Premier ministre démissionnaire a toutefois reconnu comme «justes» les revendications des policiers concernant la revalorisation de leurs salaires, primes de risques et assurances.
Depuis plusieurs mois, les agents de la police nationale d’Haïti réclament le droit de former un syndicat qui assurerait la transparence dans les négociations avec leur hiérarchie.
Des voix se sont élevées dans la société civile haïtienne pour appeler à l’annulation du carnaval, au regard des immenses difficultés auxquelles le pays fait face.
Mais le chef du gouvernement intérimaire a assuré que les festivités se tiendraient aux dates prévues, et sur le parcours traditionnel.
«L’Etat a la responsabilité de respecter chaque droit fondamental, ce qui veut dire qu’il est de la responsabilité de l’Etat de porter des loisirs et réjouissances à tout le monde», a lancé M. Lapin.
Depuis le début de l’année, Haïti enregistre une recrudescence des enlèvements contre rançon, qui s’ajoutent aux luttes entre bandes armées qui empêchent régulièrement la circulation sur les principaux axes routiers du pays.
Par ailleurs, aucune issue n’a encore été trouvée à la crise politique qui paralyse le pays depuis plus d’un an.
Haïti n’a ainsi pas de cabinet ministériel opérationnel. M. Lapin, nommé en mars 2019, a présenté sa démission l’été dernier.
Et face à l’appauvrissement de la population, accélérée par une inflation de plus de 20%, l’opposition réclame toujours la démission du président Jovenel Moïse, impliqué «dans un stratagème de détournements de fonds» selon la Cour des comptes.