L’histoire récente d’Haïti a montré à maintes reprises que la polarisation politique aiguë et la faiblesse des institutions de l’État sont des catalyseurs de la violence, a reconnu Mme La Lime. Elle a toutefois rappelé que, depuis sa dernière intervention devant le Conseil, le 19 juin, plusieurs initiatives gouvernementales visant des réformes économiques et de gouvernance avaient pris de l’ampleur, non sans susciter des critiques internes. Un nouveau code pénal a ainsi été promulgué et le Président Moïse a désigné un nouveau Conseil électoral provisoire, provoquant de vives réactions de la part de certains segments de la société haïtienne, y compris la Cour de cassation, prétendument du fait d’un manque de représentativité de l’organe et de l’ampleur de la mission qui lui a été confiée.
Pour Mme la Lime, c’est avant tout la capacité des classes politiques et économiques d’Haïti à faire des compromis et à résoudre leurs différends sans recourir à la violence, ainsi que la capacité des institutions naissantes du pays à prendre les mesures nécessaires, qui détermineront la possibilité d’élections libres, justes et inclusives organisées dans un climat propice; rendront possibles les tentatives de redémarrage de l’économie; et permettront de régler enfin le problème permanent de l’impunité. Or, le climat d’impunité a été encore renforcé par l’absence totale de mesures concrètes du système judiciaire haïtien pour ouvrir des poursuites judiciaires face à la montée de la violence, ont déploré plusieurs membres du Conseil, dont les États-Unis et la France.
Pour plusieurs membres du Conseil, le caractère multidimensionnel de la crise haïtienne, qui rend plus difficile sa résolution, rend essentiel le rôle du BINUH, qui accompagne sans relâche les autorités depuis un an. Ces pays ont donc plaidé pour la prorogation du mandat du BINUH, sur laquelle le Conseil doit se prononcer le 15 octobre. Ils ont aussi demandé que le Bureau intégré dispose des moyens nécessaires à la pleine mise en œuvre son mandat, à l’image du Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine. Ce dernier a regretté le départ, jugé trop rapide, l’an dernier, de la dernière Mission de maintien de la paix de l’ONU dans le pays, la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), estimant qu’il avait contribué à ce que la crise politique et économique dégénère. En avril 2019, la République dominicaine s’était abstenue lors du vote de la résolution 2466(2019), qui fixait au 15 octobre 2019 la clôture de la MINUJUSTH.
Le principe bien connu des coquins et des mesquins initiés à la science infuse de l’action politique est de ramener la crise à de simples querelles d’individus. Ainsi, force nous est de demander : qui sera le prochain président du pays, quand les candidats , malgré tout le bruit qu’on fait à leur propos ; sauf qu’ils pourraient représenter de très graves dangers à l’avenir, si les circonstances s’y prêtent et si nous jouons mal nos cartes ! Ce danger est illustré par la position de chacun de ces fantoches à l’égard des vautours impériaux.
L’autre option fondamentale est de supposer que : Auront-ils la capacité de se surpasser pour éviter qu’on se serve d’eux pour réprimer les masses populaires qui ne sont que d’un seul camp sous n’importe quel prétexte.
Dans ces conditions, il est inutile de se faire des illusions. Alors, l’on trouve dans tout ce qui précède, autant de bonnes raisons pour que les forces populaires ne se laissent pas tromper par des cohortes de candidats en vue d’arriver à la libération nationale et sociale du pays. Mais, quand même si la dynamique du rassemblement populaire doit continuer à se développer, elle ne peut se faire qu’à certaines conditions.
Face à une telle situation, il est urgent d’unir nos forces. Non sans avoir clairement apporté les éléments d’une stratégie d’émancipation de notre peuple en évitant la phraséologie et le flou qui favorisent l’opportunisme. Actuellement, tout le monde disserte sur la crise électorale, alors que le vrai problème pour tout patriote progressiste est de voir que les organisations populaires reprennent leur vraie place dans la lutte par la mobilisation !
A ce stade, il est de toute urgence que les masses populaires sachent compter sur leurs propres forces plutôt que sur des candidats à la course pour le Palais National. Que les masses populaires ne replacent leur confiance que dans un mouvement national qui seul peut parvenir à nous faire dépasser nos déchirements internes que les forces impériales utilisent pour nous empêcher d’avancer.
Quelle chance, dans un pays qui cumule les handicaps ? Pas de richesse minérale avérée, une agriculture insuffisante pour un pays surpeuplé une oligarchie compradore : l’argent envoyé par les deux millions d’exilés à huit millions de leurs compatriotes revient à une douzaine de monopoles privés qui perdurent.
Il faudra beaucoup de détermination pour que chaque enfant trouve une place à l’école. Les masses rurales réclament des routes et l’électricité. L’eau aussi. Port-au-Prince vit au bord de l’asphyxie. L’insécurité progresse. La création de dizaines de milliers d’emplois dans les travaux publics pourrait rapprocher le pays de cette exigence : garantir à chaque Haïtien un vrai repas par jour.
Les grands bourgeois de Pétionville accepteront-ils que leurs bonnes et leurs chauffeurs (qui résident à Jalousie) aient aussi des droits ?
C’est une habitude depuis deux cents ans : des puissances étrangères s’imaginent savoir mieux que les Haïtiens ce dont leur pays a besoin. Du soutien aux dictatures de Papa Doc et Baby Doc au renversement du président Aristide en 2004, en passant par l’imposition d’un ajustement structurel néolibéral à partir de la fin des années 1980, leur tutelle politique et économique ne cesse d’accroître l’instabilité et empêche un Etat haïtien d’émerger des décombres.