Encore une fois aussi, on entend que ce pays est maudit, que Dieu l’a abandonné ou, pire, le punit d’on ne sait trop quoi.
Cela n’a rien à voir avec une quelconque malédiction. Haïti ne fait que subir les conséquences, qui ne cessent de s’accumuler, dans un cercle de plus en plus vicieux, du traitement qu’on lui a réservé depuis son indépendance, en 1804. Une indépendance acquise dans le sang, que les manuels d’histoire ont soigneusement ignorée. Vous pensez bien qu’on n’allait pas enseigner, dans un pays esclavagiste comme les États-Unis, pas très loin d’Haïti, les victoires de Toussaint Louverture. D’un coup que ça donne de mauvaises idées.
Haïti a enregistré 225 enlèvements au cours du premier trimestre 2022, soit un bond de 58 % par rapport à la même période de l’année précédente, alors que la nation caribéenne s’efforce de maîtriser la violence des gangs dans un contexte de profonds bouleversements politiques, selon les tableaux établis par un groupe local de défense des droits de l’homme.
Dans un rapport publié mercredi, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme, un groupe de réflexion haïtien, a déclaré que des preuves anecdotiques montrent également que les demandes de rançon augmentent et que les otages passent plus de temps en captivité par rapport à l’année dernière.
Pour l’ensemble de l’année 2021, le groupe a estimé le nombre d’enlèvements dans tout le pays à 1032 et a prévenu que cette année pourrait dépasser ce chiffre, en particulier si les millions d’aide internationale à la sécurité, qui ont été promis, ne se matérialisent pas. Il a également noté que les enlèvements ont tendance à augmenter vers la fin de l’année.
Selon le rapport, les principales cibles des kidnappeurs sont les médecins, les avocats et les professions libérales, suivis des fonctionnaires, des étudiants et des policiers.
Mardi, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, pour protester contre les enlèvements et la criminalité en général.
La crise des enlèvements en Haïti a attiré l’attention du monde entier l’année dernière lorsque 16 citoyens américains – dont cinq enfants – ont été détenus pendant deux mois par le gang des 400 Mawozo.
La nation est dans la tourmente depuis l’assassinat du président haïtien Jovenel Moise en juillet dernier. Depuis lors, le Premier ministre Ariel Henry a promis à plusieurs reprises de réprimer la violence des gangs qu’il a accusée d’avoir retardé les élections générales attendues depuis longtemps.