Dans son ouvrage intitulé « Armée et politique en Haïti » Kern Delince dresse l’état des lieux des FAD’H, de l’époque d’après l’occupation américaine.Héritant du modèle d’organisation de la Gendarmerie mis en place par le corps des Marines durant l’occupation américaine, l’armée a été plutôt construit sur un modèle hybride, car elle livre à des activités relevant de l’attribution d’une force de police. Les ressources humaines de l’armée (avoisinant les 7500 hommes en 1967) étaient réparties en officiers, sous-officiers, hommes de troupe et agents de police rurale. A cette effectif, il fallait ajouter, durant la dictature des Duvalier, 7000 à 8000 homme faisant partie VSN, une milice parallèle, directement sous le contrôle du président de la République et dont l’une des principales attributions furent la neutralisation des FAD’H.
Cette institution a souffert de tout de ensemble de problèmes qui ont constitué de graves entraves à l’accomplissement de sa principale mission qui est la protection du territoire nationale. Citons entre autres la primauté des intérêts personnels sur les intérêts collectifs de l’institution, manque d’unité et de cohésion, la corruption, l’absence d’une idéologie propre à l’institution, la méconnaissance des problèmes fondamentaux du pays, la méfiance de la population qui la considère plutôt comme un instrument de répression, l’incapacité des moyens existants des défendre l’intégrité du territoire nationale.
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Ces principales caractéristiques, ajoutés aux rapports très particuliers que la hiérarchie militaire entretient avec les autorités gouvernementales ainsi qu’avec l’élite économique et politique, l’armée de nombreuses occasions outrepasser ses attributions pour s’immiscer dans la vie politique du pays, soit pour la consolidation d’un pouvoir établi, soit pour son renversement. Ce qui a poussé l’auteur Kern Delince à envisager 3 possibilités en vue d’une réorganisation de l’armée.
Des raisons économiques (dépenses improductives, impact négatif sur les possibilités de satisfaire les besoins essentiels de la population) et militaire (inefficacité de l’armée comme instrument) sont des raisons avancées par l’auteur en vue de la dissolution pure et simple de l’armée. Ce faisant, il conseille la recherche d’accords de défense bilatéraux et multilatéraux en vue d’assurer la défense du territoire nationale. Cependant cette option fait face à de sérieuses controverses du point de vue politique quant au rôle d’une force publique organise dans le maintien de la paix et de la sécurité. Il a certes mention de pays comme le Costa-Rica et Cuba mais il a souligné que
ces expériences furent possibles sous des conditions préalablement établies. Ce qui lui a poussé à considérer cette option comme « inopportune et, probablement, impraticable ».
b) Sa neutralisation
A travers cette option, l’armée proclame son retrait des affaires politiques du pays, se libérant ainsi de l’emprise gouvernemental et se réservant une certaine indépendance. Soumise à un pouvoir civil, elle est affranchie de toute responsabilité d’ordre administratif et judiciaire, ainsi que de son rôle de gardienne des intérêts de la classe dominante. La difficulté majeure de l’application de cette option de trouve dans les réalités socioéconomiques et politiques du pays. De ce fait sa mise en application requiert tout un ensemble de conditions comme la mise en place d’une force de l’ordre indépendance de l’armée, la dotation de matériels et d’équipements indispensables à la défense et la protection du territoire nationale, la création de partis politiques organisés.
c) Son intégration à l’état et la nation
Cette option dépasse celle de la neutralisation de l’armée et fait de cette institution un pilier essentiel dans le développement économique et social du pays. Sous cette approche, la défense nationale dépasse le cadre d’une éventuelle menace d’une évasion étrangère mais s’inscrit surtout dans une optique de lutte contre le sous développement. Vue la primauté de l’aspect économique sur l’aspect strictement militaire, l’armée devient acteur des efforts de développement.