L’appareil diplomatique dont dirige Claude Joseph n’existe que de nom. « Il n’y a pas de prospective, pas d’axes, ni de priorités, encore moins de ligne directrice », constate un diplomate. L’on note ainsi alors que, dans tous les pays sérieux, le ministère des Affaires étrangères a un porte-parole qui monte au créneau, chaque fois que nécessaire, c’est silence radio du côté du bloc ministériel. La presse ne peut jamais avoir la position d’Haïti sur des questions importantes. Très souvent, c’est le ministre qui fait office de porte-parole. C’est à se demander si le ministère a même un service Communication. En plus du fonctionnement du ministère, certains spécialistes recommandent une adaptation de l’appareil diplomatique aux réalités actuelles en tenant compte des défis du futur. Pour cela, il faut, par exemple, mettre fin à certaines incongruités en fermant certaines ambassades et en regroupant d’autres.
Le pays retrouve ainsi la place de carrefour diplomatique que sa puissance économique et la carrure que son premier président lui a octroyées.Malheureusement, à l’image de la quasi-totalité de l’administration ivoirienne, la machine diplomatique est en piteux état.
Il faut noter qu’au fil des ans, adossée à une politique de repli identitaire, voire de xénophobie, la diplomatie Haïtienne s’est progressivement rabougrie.Selon un diplomate, la question des passifs est devenue chronique depuis plusieurs années. Et toutes les ambassades en souffrent.
Le respect scrupuleux des traités et des pactes, la défense jalouse de l’intégrité de son territoire, une solidarité étroite avec les autres Etats du continent, telles étaient les grandes lignes qui devaient se dessiner de plus en plus nettement de la politique extérieure d’Haïti.
Haïti considérait toute atteinte à l’intégrité de son territoire comme une menace à son existence. C’est pourquoi quand, en 1891, l’amiral Bancroft Gherardi, de la marine des Etats-Unis, se présenta avec une flotte importante pour obtenir contre cinq millions de dollars la cession de la baie du Môle de Saint-Nicolas, située en face du canal de Panama (ce qui lui donnait une valeur stratégique de premier ordre), le gouvernement haïtien manœuvra pour décourager l’amiral américain, qui s’en alla les mains vides. Puis vint la guerre hispano-américaine, et les Etats-Unis firent de Guantanamo Bay à Cuba ce qu’ils avaient voulu faire du Môle de Saint-Nicolas. Les années passent. La notion de nationalisme s’est profondément transformée, ses tenants ne sont plus les mêmes. L’intégrité territoriale passe au second plan dans les caractéristiques de la souveraineté. Les forces économiques exercent une pression de plus en plus implacable sur la vie et l’existence des peuples. En regardant en arrière, les générations d’aujourd’hui peuvent discuter le geste de leurs pères refusant l’offre de l’amiral américain.
Haiti doit aujourd’hui adapter son appareil diplomatique à ses ambitions et surtout à la mondialisation. L’économie doit donc prendre toute sa place dans la nouvelle stratégie diplomatique. De même que la culture, l’environnement. Ce qui implique de s’installer dans les pays émergents actuels et futurs.
Hélas ! Mais c’est avec le sang versé, c’est avec les sacrifices qu’ils se sont imposés que les fils font la grandeur et la pérennité de leur patrie.