Nous sommes actuellement en 2019, et nous ne nous étonnons point si Haiti se trouve toujours parmi les pays les plus pauvres, avec une économie essoufflée et qui torpille.
« La corruption effrite la démocratie et produit un cercle vicieux en sapant les institutions démocratiques. En effet, plus ces institutions sont faibles, moins elles sont en mesure de contrôler la corruption », a déclaré Patricia Moreira, directrice générale de Transparency International, appelant à un redoublement d’efforts pour renforcer les freins et contrepoids et protéger les droits des citoyens.
En effet, une analyse croisée incorporant des données sur la démocratie dans le monde montre qu’un lien existe entre corruption et santé démocratique. Dans l’IPC 2018, les démocraties bien établies obtiennent en moyenne un score de 75 points ; les démocraties imparfaites un score moyen de 49 ; les régimes hybrides – présentant des éléments de tendance autocratique – arrivent à un score de 35 ; et les régimes autocratiques enregistrent les pires résultats, leur score moyen atteignant à peine 30 points.
A la lumière des contre-performances d’Haïti sur ces trois années, il ne fait plus aucun doute que le pays continue de présenter un degré élevé de corruption malgré les velléités du président de la République d’enrayer ce fléau constituant un boulet au développement économique national.
Entre 2008 et 2018, Haïti a bénéficié du programme Petrocaribe, mis en place à l’initiative de l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui a permis à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes d’acquérir des produits pétroliers à un prix avantageux.
Toujours perçu comme source de gaspillage et de corruption, ce fonds a déjà donné lieu, en 2016 et 2017, à deux enquêtes sénatoriales. Depuis l’été 2018, le mouvement citoyen «Petrocaribe Challenge» a multiplié les manifestations à travers le pays, poussant la Cour supérieure des comptes à lancer son audit.
«Tout ce gaspillage a été orchestré au nom de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, au détriment des populations les plus vulnérables censées être les bénéficiaires du programme» dénonce le rapport en évoquant les dizaines de milliers de bénéficiaires fictifs qui figurent sur les listes du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES).
Plus de 60% de la population haïtienne vit encore sous le seuil de pauvreté et l’insécurité alimentaire menace aujourd’hui 2.6 des 11 millions d’habitants.
Une situation qui pousse à croire que les autorités ne font pas assez (euphémiquement) de preuve de volonté pour mener à bien la lutte contre la corruption. « Cela exige beaucoup de volonté politique et nécessite l’indépendance des magistrats au sein des Pôles Anticorruption »