La mafia haitienne a construit une sorte d’écheveau au sein même de la société, où toute une “classe mafieuse” s’entremet sans être totalement dans l’organisation : techniciens, avocats, médecins, commerçants, journalistes , politiciens. Un réseau si dense que nous pouvons aisément détecter dans les différents secteurs de la société haitienne. Elle nous rappelle ici le réseau micro -étatique de la nébuleuse sicilienne Cosa Nostra dévoilé après la récente arrestation de son grand maître Bernardo Provenzano.
Afin de pérenniser son action et élargir le champ de son emprise, la mafia a besoin de s’acquérir en permanence des nouveaux adeptes et doit fidéliser constamment ses anciens agents. Cette exigence stratégique est minutieusement respectée par la mafia haitienne qui a fait récemment recours à la technique du pardon (les valeurs se transforment en technique dans le système mafieux) pour dompter certains opposants/ennemis du système. Des charlatans ont tenté donc de recruter ou de neutraliser dans des milieux dits subversifs et hostiles, proposant le pardon en contre partie du repentir, toujours dans une logique mafieuse.
A la technique du pardon, faut-il répandre la peur voire l’ériger en culture politique et sociale. L’hypertrophie et l’acharnement du dispositif répressif en sont la meilleure illustration.
Du montage pornographique aux menaces verbales, du harcèlement judiciaire à la torture systématique, et des agressions physiques aux disparitions et assassinats, les procédés sont récurrents et la mafia excelle dans la récidive.
En général, la mafia préfère recourir à l’intimidation, la corruption ou le chantage plutôt qu’à la force pour contraindre ceux qui lui résistent. De cette manière elle attire moins l’attention du grand public sur elle. Mais il arrive régulièrement que pour se débarrasser de concurrents ou de témoins gênants ou de traîtres, les mafias usent de méthodes brutales : guerres de gangs pour la prise de contrôle d’un territoire ou d’un marché, assassinat de témoins et de complices ou mutation du juge avant un procès en sont quelques exemples.
Le profit est, quant à lui, l’objectif ultime de la mafia. Tous les moyens sont bons et justifiés pour y accéder, à commencer par les deniers de l’Etat et à finir par les propriétés privées. En effet si la Constitution est la règle suprême dans la hiérarchie juridique d’un Etat démocratique, c’est le Profit qui est le principe souverain dans un Etat mafieux.
N’est-il pas le cas dans l’haiti ROSE ?