Ce samedi 3 avril 2021, comme l’avaient annoncé plusieurs organisations luttant pour le respect des droits de la femme en Haïti, hommes et femmes ont foulé le macadam pour crier d’une seule et même voix contre les injustices auxquelles font face les femmes haïtiennes quotidiennement.
Si la date du 3 avril pourrait s’avérer insignifiante pour certains, ici en Haïti elle revêt d’une importance capitale. En effet, le 3 avril 1996, a été décrété au parlement par les féministes comme la journée nationale de la femme haïtienne. Une décision qui a suivi, la manifestation des femmes, deux mois après que le dictateur Jean-Claude Duvalier soit un lointain souvenir pour le peuple haïtien, le 3 avril 1986.
Contrairement à la journée internationale des droits de la femme (8 mars), celle du 3 avril est liée étroitement à notre histoire. Cette lutte qui d’une part exige la reconnaissance et le respect des droits de la femme et d’autre part tend vers une société sans violence et égalitaire.
Pour marquer cette date les revendications étaient multiples; sur les flyers circulant sur les réseaux sociaux étaient inscrits:
“Batay pou lavi!”
“Respekte konstitisyon 1987 la!”
“Aba ensikirite!”
“Aba diktati!”
Autre que les cris tels que “Aba kadejakè”, “Aba vyolans sou fanm”, “pa fè komsi ou pa wè”, “vòlè ki nan Palè a fòk li ale”, “papa kadejakè ki nan Palè a fòk li ale”, “yo kraze Lapolis yo ba nou G9”, on pouvait lire également sur les pancartes “se jip nou ki kout se pa sèvo nou”, nou bezwen travay nou pa bezwen randevou” entre autres.
Les féministes le plus férues ont foulé le sol ce samedi. Citons entre autres, plus
Pascale Solages, Gaëlle Bien-Aimé et Antoinette Duclaire, pour ne citer que celles-là. Une fillette a aussi attiré l’attention de plus d’un; d’un sourire léger, elle tenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire :” Etazini ak Kanada pran pòz y ap kore dwa moun pandan y ap sipòte diktatè k ap vyole FANM”.
Si certaines femmes hésitent encore à intégrer la sphère politique, d’autres y sont à fond. Ces femmes tenant une banderole du Parti politique OPL et la présence d’une délégation de femmes du Parti MTV Ayiti, peuvent en témoigner.
Plus loin, une trentenaire affirme que la présence de ces femmes dans les rues est surtout pour exiger que l’impunité cesse car, selon elle trop d’hommes, surtout dans le sphère politique battent et violent des femmes.
N’ayant pas encore vu la lumière du jour sous le régime duvaliériste, elle regrette d’être obligée de fouler à nouveau le macadam 35 ans plus tard pour les mêmes causes.
Faut-il se demander en bon Chrétien à quand la montée d’un régime pouvant donner le ton à la société haïtienne pour le respect des droits de la femme et une meilleure intégration de celles-ci dans tous les secteurs? En attendant ce jour, la gent féminine haïtienne semble plus que jamais déterminée à faire valoir ses droits dans une société où le patriarcat sort encore des griffes.
Djennifer Laurenza Césaire