Il serait donc sage de saisir le moment offert par le « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », également connu sous le nom d’Accord du 21 décembre. Développé par une coalition d’acteurs du monde des affaires, de la société civile et politique, l’accord vise à créer l’architecture d’un gouvernement de transition efficace, transparent et représentatif qui conduirait le pays à des élections d’ici la fin de 2023.
L’objectif de l’accord est “promouvoir le dialogue national dans la recherche d’un consensus sur les étapes-clés… pour les grands projets de la période de transition, en particulier dans les domaines de la sécurité, de la constitution et des élections, des réformes économiques, de la justice et de l’État de droit, ainsi que de la sécurité sociale et alimentaire”. L’accord a reconnu des efforts antérieurs similaires pour parvenir à un cadre de gouvernement de transition – y compris l’accord du Montana et l’accord politique du 11 septembre – mais a noté que ces efforts n’ont pas fonctionné, même si le désespoir de la population a augmenté.
L’accord prévoit la mise en place d’un Haut Conseil de la Transition (HCT) avec trois personnalités éminentes : l’ancienne première dame et candidate à la présidence Mirande Manigat du secteur politique ; le président de la Chambre de commerce Laurent St. Cyr du secteur des affaires ; et le président de la Fédération protestante, Calixte Fleuridor, représentant la société civile. Le Premier ministre Henry a approuvé ce trio et les a installés le 7 février.
Le HCT développera des consultations pour canaliser les opinions des Haïtiens et mobiliser l’expertise, favorisant ainsi une sorte de persuasion morale et de gravité. Il s’agit d’une entreprise complexe mais essentielle pour rassembler les points de vue de la société haïtienne et les inclure pour la première fois dans un processus politique. La première consultation portera sur la sécurité, identifiant les exigences pour rétablir la sécurité essentielle dans le pays. Pour que tout processus politique réussisse, il devra être étroitement aligné sur les progrès en matière de sécurité. L’objectif de ces consultations est de forger un consensus entre les principaux acteurs politiques, sociaux et économiques du pays sur des questions clés et de travailler avec le Premier ministre et le cabinet pour définir une feuille de route pour la période de transition.
En plus de canaliser les voix et l’expertise haïtiennes vers le gouvernement, le HCT sera responsable d’assurer la crédibilité et l’intégrité des élections en participant à la sélection des membres de l’organe de gestion des élections du pays, connu sous le nom de Conseil Electoral Provisoire (CEP) ; élaborer des recommandations pour le processus électoral ; et choisir un comité d’experts pour élaborer des révisions constitutionnelles liées aux élections.
Parallèlement au HCT, l’accord prévoit une entité qui remplirait bon nombre des tâches normales du législatif haïtien, connue sous le nom d’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG). L’OCAG jouerait un rôle dans la supervision des budgets, de la gestion et de la transparence gouvernementaux.