Le Premier ministre, Ariel Henry se dit engagé à changer les habitudes des Haitiens, les années à venir, dans le but de faire fonctionner correctement l’administration publique du pays. Ainsi, en plus d’être un homme qui veut des résultats, son ambition est de nommer aux différents postes stratégiques de l’administration, “les hommes qu’il faut aux places qu’il faut”.
Cette volonté, si elle parvenait à être mise en œuvre, dynamiserait réellement le fonctionnement de certains services pour le bonheur des usagers et résoudrait beaucoup de dérapages dans la gestion des affaires publiques dans le pays. En effet, il n’est un secret pour personne que certains directeurs généraux et autres responsables ont été mis à leur poste, pas forcément pour leur compétence, mais pour des raisons d’appartenance à un clan, à une famille, à un parti politique, à une religion, à un groupe de pression, etc. Par conséquent, la préoccupation première de ces responsables n’est pas souvent la bonne marche du service, mais la satisfaction des intérêts de ceux qui les ont “placé” .
Et comme ils se croient intouchables, inutile de parler de bonne gouvernance et d’autres règles de gestion moderne à ces “gourous”. Ils agissent comme bon leur semble au détriment de leurs entreprises. Conséquence, le personnel est étouffé, les meilleurs travailleurs sont brimés et frustrés, les médiocres reçoivent de la promotion. Les nominations par copinage favorisent la mal gouvernance et des détournements de fonds, les médisances gratuites, au total, le jeu des médiocres (…). Elles rendent les entreprises et les structures administratives inefficaces. Il apparaît évident que si un directeur général est nommé à son poste après examen de son dossier, suite à un appel à candidature, son ambition première sera de tout mettre en œuvre pour réussir sa mission et demeurer à sa place
Mais les mentalités sont-elles véritablement prêtes à accueillir de telles innovations en Haiti ? C’est là où réside toute la difficulté. En tous les cas, il est vital, pour ceux qui aiment et veulent servir le pays et non, dans le fond s’en servir malicieusement, dans un bain fait de lâcheté et d’hypocrisie, de s’inscrire dans cette dynamique, “hic et nunc”. Ne serait-ce qu’en commençant à faire sien les principes élémentaires de la bonne gouvernance.
François Guy Malary : Premier ministre
Me François Guy Malary fut ministre de la Justice du gouvernement constitutionnel du Premier ministre Robert Malval. Il travaillait sur le projet de séparation de la police et de l’armée. Me Malary fut un démocrate convaincu qui aurait pu contribuer à établir l’ordre et la sécurité nécessaires au développement économique du pays. Sortant du ministère de la Justice le 14 octobre 1993, son cortège a été mitraillé par un commando armé près de l’église du Sacré-Cœur à Turgeau. Il rendit l’âme sur le champ, de même que son chauffeur et son garde du corps. Ses convictions démocratiques ont été honorées puisqu’un établissement d’enseignement porte son nom ainsi que l’aérogare adhérant à l’aéroport international Toussaint Louverture.
Mireille Durocher Bertin : Ministre de la Justice
Avocate de grande notoriété et militante politique, elle défendait ardemment ses clients et ses prises de position politiques. Elle aurait eu pour mission de garantir une justice impartiale. En 1994, elle défendait la souveraineté nationale et se prononçait contre l’intervention militaire américaine visant à réinstaller le président Jean-Bertrand Aristide dans ses fonctions. Me Durocher Bertin a été abattue le mercredi 28 mars 1995, de même que son client Eugêne Junior Ballairgeau qui l’accompagnait.
Félix Lamy : Ministre de la Culture et de la Communication
Félix Lamy a marqué l’histoire de la culture et de la communication en Haïti. Brillant animateur, communicateur hors pair, directeur et cofondateur de Radio Galaxie, il a construit sa notoriété et celle de plusieurs stars de la musique haïtienne à travers le micro. Il a aussi été un excellent présentateur des nouvelles, aimé de tous. Il aurait pu être un ministre de la Culture et de la Communication exemplaire. Le 10 décembre 1991, deux mois après le coup d’État militaire sanglant, il a été enlevé en pleine émission et emmené de force à un endroit non identifié à ce jour. Son corps n’a jamais été retrouvé.
Farah Martine Lhérisson : Ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes
Farah-Martine Lhérisson fut directrice de l’école privée Saint-Léonard à Delmas 43, professeure de littérature et poétesse. Elle a publié en 1995 le recueil de poèmes intitulé Itinéraire zéro. Elle offrait des services de consultation en éducation et a été membre du cabinet d’au moins un ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Sa sensibilité pour l’émancipation des femmes et sa contribution dans l’éducation des jeunes femmes auraient été très utiles au ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes. Mais hélas, elle a été exécutée avec son mari Lavoisier Lamothe le 15 juin 2020.