« Celui qui a une mauvaise mémoire répètera toujours les mêmes erreurs. » (Anonyme).
Les efforts des secours pour aider les victimes pourraient cependant être entravés à l’approche de la dépression tropicale Grace, avec un risque de pluies torrentielles et d’inondations rapides, selon le service national météorologique des États-Unis. Elle est attendue dans la nuit de lundi à mardi, et le pays a été placé en vigilance renforcée.
Du personnel et des médicaments ont déjà été acheminés par le ministère de la Santé vers la péninsule sud-ouest mais la logistique d’urgence est aussi mise en péril par l’insécurité qui mine Haïti depuis des mois. Sur un peu plus de deux kilomètres, l’unique route reliant la capitale à la moitié sud du pays traverse le quartier pauvre de Martissant sous contrôle des gangs armés depuis début juin, empêchant la libre circulation.
Les rares hôpitaux existant dans les régions affectées peinent à fournir les soins d’urgence. Installés sur des bancs, recroquevillés sur des chaises ou allongés à même le sol sur des draps, des blessés attendaient dimanche d’être pris en charge à l’hôpital de la ville côtière des Cayes, a constaté l’AFP.
Aucune leçon réelle ne semble être tirée des mauvaises pratiques de construction sur le territoire national en Haïti, notamment dans les zones affectées par le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a occasionné environ 300 mille morts et d’énormes dégâts.
« Ni l’État, ni la société n’ont rien appris de ce qui s’est passé », critique Reyneld Sanon, le secrétaire exécutif de la Koperativ ayisyen pou lὸjman altènatif (Kayla), dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.
Les autorités haïtiennes n’ont pas pris les dispositions nécessaires, pour faire appliquer les normes de construction dans le pays, constate Kayla, soulignant une absence de volonté étatique pour résoudre le problème des logements sociaux en Haïti.
Elles n’ont fait, non plus, aucun suivi, concernant l’utilisation et la mise en application du document officiel, disponible sur la construction de logements et des bâtiments, et adopté sous l’ancien gouvernement de Laurent Lamothe (octobre 2011 – novembre 2014).
Les constructions se poursuivent, sans aucun plan d’aménagement véritable, dans le pays, notamment dans la nouvelle grande agglomération dénommée Canaan, au nord de la capitale, Port-au-Prince.
Zone déclarée d’utilité publique par l’ancien président René Préval, cette nouvelle grande agglomération a commencé à s’étendre, dès l’été 2010, avec l’invasion et l’occupation de l’espace – en friche jusqu’au mois d’août 2010 – par des églises et un nombre important de personnes qui s’en sont accaparées.
Certes, une partie de l’espace a été appropriée par l’Etat, qui, avec l’appui d’institutions internationales, a aménagé des espaces habitables.
Cependant, la population, qui vit à Canaan (et dans des espaces proches appelés « Jérusalem ») est estimée, en 2017, à plus de 100 mille personnes.
Sur un plan plus global, Kayla dénonce le mode de fabrication des blocs, devant servir à la construction des maisons, mais ne répondant point aux normes édictées.
Au lieu de fournir aux habitantes et habitants de Canaan et de Jérusalem un minimum d’assistance, la Mairie de Croix-des-Bouquets – qui a installé, depuis l’année 2010, une unité devant assurer la gestion de cette nouvelle grande agglomération – se contenterait de leur exiger le paiement de redevances…..
Ces derniers temps, la fréquence des secousses telluriques suscite l’inquiétude chez les Haïtiennes et Haïtiens.
Un tremblement de terre, de magnitude 4.3 sur l’échelle de Richter, survenu le samedi 2 septembre 2017, dans le département du Plateau central, a suscité la panique chez plusieurs habitantes et habitants. Une personne a été blessée à Lascahobas, une école nationale et six (6) maisons endommagées à Mirebalais.
Avec le nouveau tremblement de terre du samedi 2 septembre 2017, au Plateau central, aucun département géographique ne serait à l’abri de tremblements de terre en Haïti.
Avec ce séisme, il convient de prendre des dispositions institutionnelles pour continuer « à approfondir les recherches et renforcer les actions de prévention appropriées », a déclaré à AlterPresse l’ingénieur-géologue Claude Preptit, directeur général du Bureau des mines et de l’énergie (Bme) et principal responsable de l’Unité technique de sismologie (Uts).
« Ce n’est pas la première fois que nous enregistrons des secousses sismiques au Plateau central, dans des zones n’ayant pas les failles majeures jusqu’à date recensées. D’où nécessité d’approfondir les recherches sur les structures (de failles) en Haïti », souligne Preptit.
Respect des normes de construction parasismique, apprentissage du comportement à tenir avant, pendant et après un séisme sont les actions de préparation de rigueur, face à la menace sismique, préconsie l’Uts.
« Les séismes ne sont pas prédictibles et peuvent survenir à n’importe quel moment », rappelle l’Uts.
Le lundi 21 août 2017, l’Unité technique de sismologie a alerté sur une recrudescence des activités sismiques dans les Nippes (une partie du Sud-Ouest d’Haïti)
Deux secousses telluriques, de magnitude comprise entre 2 et 3, ont été ressenties dans la matinée du mercredi 16 août 2017 et dans l’après-midi du dimanche 20 août 2017 à Anse-à-Veau (département des Nippes, une partie du Sud-Ouest d’Haïti). Une secousse était préalablement enregistrée, toujours à Anse-à-veau, dans la soirée du vendredi 16 juin 2017.
Entre le 3 septembre 2015 et le 20 août 2017, près de 46 événements sismiques se sont produits, dans les Nippes, particulièrement à Anse-à-Veau.
Le teritoire national d’Haïti se trouve dans une région sismique active, rappelle, de son côté, la Protection civile.
Implanter une coopérative de logements
Il est nécessaire et prioritaire pour que l’État haïtien ait un plan de construction de logements sociaux, estime Kayla, qui préconise l’implantation d’une coopérative de logements comme un système alternatif pour résoudre ce problème.
Durant les cinq ans de l’administration de l’ancien président Michel Martelly (14 mai 2011-7 février 2016), plusieurs millions de dollars américains ont été gaspillés … sans résoudre la question de logements dans le pays, souligne Kayla.
Nécessité d’un travail de mémoire et de sensibilisation
L’ingénieur Christian Rousseau, un des dirigeants du parti Aksyon pou konstwi yon Ayiti òganize (Akao) appelle la population haïtienne à changer de comportements, liés aux pratiques de construction.
Il faut qu’il y ait un travail de mémoire systématique pour se rappeler ce qui s’est produit, comme catastrophes, durant les dernières années, encourage Akao.
Akao plaide pour une sensibilisation permanente de la population, à travers les actrices et acteurs sociaux, et organisations, en rapport à la nécessité de respecter les normes de construction.
L’État haïtien exerce très peu de contrôle sur le marché de la construction en Haïti. La surveillance, que les mairies devraient également exercer à ce niveau, constitue l’un des moyens, qui permettraient aux nouvelles constructions de respecter les normes parasismiques, suggère l’ingénieur Christian Rousseau.
Chaque conseil municipal devrait aussi s’assurer, à travers une analyse technique, que les maisons à construire respectent effectivement les normes parasismiques (et anticycloniques).
« Le secteur privé investit en désordre, dans les logements en Haïti », en faisant des profits, sans respecter les exigences du guide de construction.
La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) avait également plaidé en faveur d’une actualisation du guide de construction, publié, en 2012, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, par le Ministère des travaux publics, transports et communications (Mtptc).
L’État central devrait, selon la plateforme Garr, donner aux municipalités un « accompagnement technique », leur permettant de réglementer la construction de logements dans leurs communes respectives.
De telles dispositions auraient pour objectif de faciliter les personnes, n’ayant pas de grands moyens, à construire des logements décents.
Le bilan continue de grimper en Haïti, après le séisme de 7,2 qui a secoué le sud-ouest du pays samedi. Dimanche soir, quelque 1 297 morts et plus de 5 700 blessés avaient été recensés, tandis que les recherches de survivants se poursuivent.
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Le bilan provisoire du séisme de magnitude 7,2 qui a frappé samedi le sud-ouest d’Haïti s’est alourdi, dimanche 15 août, à 1 297 morts et plus de 5 700 blessés, selon les services de protection civile du pays. Lundi, les recherches se poursuivaient alors qu’une tempête approche de l’île, menaçant d’aggraver encore la situation.
Tout en subissant les répliques du tremblement de terre de magnitude 7,2, les habitants et les secours s’affairaient avec des moyens limités pour retrouver des survivants du séisme. Nombre d’engins lourds, camions et tractopelles s’activaient pour déplacer des dalles de béton des bâtiments effondrés dans la ville des Cayes près de l’épicentre du séisme, à quelque 160 km de la capitale haïtienne Port-au-Prince, a constaté l’AFP sur place.
Le séisme a frappé le sud-ouest d’Haïti samedi à 08 h 29 (12 h 29 GMT). Près de 30 000 maisons ont été détruites ou endommagées.
De nombreux pays, notamment les États-Unis, la Républicaine dominicaine, le Mexique ou encore l’Equateur ont offert leur assistance avec l’envoi de personnel, de rations d’urgence et d’équipements médicaux.
L’armée américaine a annoncé lundi la constitution d’une mission militaire conjointe, avec le déploiement déjà effectué d’une équipe chargée d’évaluer la situation dans les zones affectées grâce à des moyens aériens d’observation. Quatre hélicoptères ont également été mobilisés pour du transport.
Le Premier ministre Ariel Henry, qui a décrété l’état d’urgence pour un mois dans les quatre départements affectés par la catastrophe, a ainsi remercié dimanche la communauté internationale.
“Nous voulons donner une réponse plus adaptée qu’en 2010 après le tremblement de terre. Toutes les aides venant de l’extérieur doivent être coordonnées par la direction de la Protection civile”, a exigé le chef du gouvernement, tout en appelant ses concitoyens à “l’unité nationale”. “Oublions nos querelles”, a plaidé Ariel Henry qui dirige le pays le plus pauvre des Amériques, en pleine crise depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet.