Dans ce «pays férocement inégalitaire et hyper précaire», d’après Stéphane Doyon de MSF, prédomine une société profondément patriarcale : «2,7 % des sièges parlementaires sont occupés par des femmes et 26,9 % des femmes ont atteint un niveau d’éducation secondaire», rappelle le Programme des Nations unies pour le développement, qui a classé le pays au 169e rang (sur 189) de son indice de développement humain, au même niveau que le Soudan.
Un féodalisme institué, sinon institutionnel, dont les grandes puissances se sont accommodées, sur fond de pillage en toute impunité. «Il y a deux ans, un audit sur la gestion de fonds prêtés à Haïti par le Venezuela, dans le cadre d’un mécanisme de livraison de pétrole pendant dix ans, n’a retrouvé que 180 millions de dollars de factures sur plus de 2,3 milliards versés», rappelle Stéphane Doyon. Un scandale dans lequel Jovenel Moïse aurait été impliqué.
Haïti, c’est aussi une histoire de promesses non tenues. En 2016, l’ONU avait claironné la création d’un fonds de 400 millions de dollars (339 millions d’euros) pour les victimes du choléra. Quatre ans plus tard, seuls 20,7 millions avaient fait l’objet de promesses de contribution.