Des affrontements entre policiers et militaires ont fait deux morts et une dizaine de blessés dimanche 23 février à Port-au-Prince. Ces violences ont amené le gouvernement à annuler le carnaval qui devait se tenir jusqu’à mardi, afin, dit-il dans un communiqué, « d’éviter un bain de sang programmé ». Il appelle la population à garder son calme.
La semaine dernière, certains policiers avaient déjà bloqué des routes et incendié des véhicules pour réclamer de meilleures conditions de travail, notamment des augmentations de salaire – ils gagnent entre 200 et 255 dollars brut par mois. Ils demandent aussi le droit de former un syndicat. Les mesures annoncées samedi par le président Jovenel Moïse n’ont visiblement pas suffi.
L’assaut a été mené, selon l’état-major militaire, par des « individus encagoulés », munis entre autres « de fusils automatiques ». Plus tard, plusieurs personnes se réclamant du mouvement des policiers ont également tenté d’incendier les locaux de Radio Télévision Caraïbes. Ce média très populaire a suspendu ses émissions
Michel Joseph, co-directeur de l’information de Radio Télévision Caraïbes
La police nationale haïtienne est directement confrontée à la grande criminalité qui touche Haïti. Le pays est paralysé par une crise politique depuis plus d’un an et frappé par une profonde crise économique. Depuis quelques semaines, le pays enregistre notamment une recrudescence des enlèvements contre rançon. Ce qui restreint encore un peu plus la mobilité des Haïtiens, qui souffrent déjà de la lutte entre bandes armées sur une grande partie du territoire.
En 2018, un officier d’état civil haïtien gagne encore 14,000.00 HTG. Certes, ils se seraient payés par d’autres moyens mais le salaire de base est inconcevable. Est-il normal qu’une infirmière, la mieux rémunérée, qui a fait 4 ans d’études avec des stages payés, s’est fait tuer par des tonnes de leçons pour obtenir la licence du MSPP, travaille même les jours fériés gagne moins de 20,000.00 HTG/mois? Cette situation est-elle meilleure que celle d’un policier qui peine à réussir son bac?
L’arme à feu porté par le policier constitue-t-elle un élément de rémunération ou un outil de travail au même titre que le morceau de craie du professeur, que le registre de l’officier d’état civil, que l’ordinateur de l’agent de la DGI, que la tensiomètre du médecin ou de l’infirmière, que les codes de l’avocat-conseil, que la caméra du photographe, que le micro du journaliste?
En Haïti, nous sommes tous insatisfaits en matière salariale et nous sommes tous coupables d’une manière ou d’une autre parce que nous cherchons tous à compenser notre salaire. L’agent public insatisfait qui offre des services de proximité à la population se serait payé par ses propres moyens de racket, celui qui ne trouve personne à rançonner, aurait diminué sa capacité de production, aurait décidé de ne pas travailler en quantité et en qualité. Les DG, les parlementaires et les Ministres auraient augmenté leurs frais ou utilisé d’autres moyens pour se payer plus. Même l’élève demande à ses parents beaucoup plus que les frais demandés par la direction pour augmenter son argent de poche. Le pays est mal et corrompu. L’on dirait que le système est campé d’une façon telle à inciter les mauvaises pratiques.
Tout compte fait, le salaire en Haïti doit être révisé à la hausse pour toutes les fonctions et pour tous les professionnels. On ne peut se complaire à regarder les policiers, femmes et hommes armés, frustrés, ceux qui forment nos fils et filles sous-payés, ceux qui font les lois mal payés, les cadres dirigeants en sous traitement, les agents qui offrent des services à la population mal rémunérés. Il est concordant que le salaire est la première source de motivation d’un employé.