Nous avons hérité autour d’un “Président Zombi” soumis à l’onction électorale. Cependant cette forme de gouvernance connaît partout une crise politique, économique et morale. Sa parade à la crise consiste à lancer un débat qui permet de vider les griefs et de magnifier une liberté de paroles sans autres objectifs que de renforcer le pouvoir en place.
Les Haitiens rejettent avec raison ce système. Ils rangent dans le même opprobre les hommes qui ont contribué à le perpétuer. Et les opposants institutionnels n’échappent pas à la critique. Jusqu’à présent la population algérienne a géré la contestation avec mesure, discipline et patience.
Le peuple Haitien est mature et peut à présent construire une nation moderne. Sous réserve de refuser toute forme de démagogie, de parler le langage de la sincérité, de faire confiance.
Un constat de la situation est tout de même nécessaire pour aborder des propositions. La corruption a gangrené toutes les couches de l’administration et de la société et pourrit le quotidien des Haitiens. Plus grave, le pouvoir a choisi de signer des contrats clé en main avec des groupes étrangers pour des pans entiers de l’économie.
Il faut toutefois reconnaître que le régime n’a pas réussi à tout détruire. Haiti a encore beaucoup d’atouts. L’agriculture peut bénéficier de transferts financiers conséquents.
la tâche est immense. La fin de ce régime corrompu l’époque est aussi celle du début de l’après x . les besoins de la population augmentent, les investissements nécessaires sont lourds. Il faut maintenir une police performante et refuser la facilité de la dette extérieure. Il faut au contraire réparer la monnaie bien malade. Il est donc impératif de substituer rapidement à une économie de la rente, une autre de la production. L’augmentation de la production, de la productivité doivent se faire à marche forcée. La rente doit être progressivement consacrée aux investissements, et aux réserves de sécurité.
Mais, c’est le politique, la stabilité qui permettra de mobiliser les énergies. Le débat sur la répartition de la rente doit céder la place aux motivations et objectifs du développement. Pour mobiliser les citoyens, la transparence est de règle. Le pouvoir doit être comptable de ses actes devant eux. La société Haitenne a le devoir de protéger les humbles contre les abus de l’administration. Nul ne doit se sentir exclu, particulièrement les gens simples. Bien au contraire, chacun doit avoir la conviction d’appartenir de plein droit à la communauté et de voir son destin pris en compte.
Si l’Etat d’Haiti doit conserver ses fonctions régaliennes, toutes ses fonctions régaliennes, Il faut faire confiance aux citoyens. Nous devons créer des institutions communales ayant un réel pouvoir, y compris financier. Ces institutions doivent être démocratiques et transparentes. Les prérogatives de ces institutions doivent obéir au principe de subsidiarité. Tout ce qui relève du local doit être traité localement dans le respect des lois du pays. Ces institutions seront ouvertes à l’opposition conformément aux choix issus des urnes. Ceci pour permettre la respiration politique. Les élites politiques doivent devenir une force de proposition, des arbitres, des médiateurs du débat citoyen. En transformant le Président en ultime arbitre du débat citoyen, nous ferons évoluer nos institutions en conformité avec notre Histoire.
Toutefois, l‘ambiance de la contestation qui se développe en Haiti masque le bruit des forces négatives qui tentent de déstabiliser un pays indispensable à la paix régionale. En sortant de l’impasse et en entamant sa marche vers l’avenir, Haiti donnera l’exemple et contribuera à éloigner les dangers, pour elle et pour ses voisins.