
«Jovenel est incapable et incompétent. Il faut qu’il plie bagages parce qu’Haïti doit vivre», déclare l’un des manifestants, Jean Ronald. «Il n’est pas normal de vivre dans un pays aussi inégalitaire», ajoute-t-il, devant le char de «prophète Mackenson», un dirigeant religieux haïtien aussi populaire que controversé.
Noir c’est noir, il n’y a pas d’espoir ? « Ce n’est pas seulement à court terme qu’on peut évaluer les résultats d’une mobilisation sociale. Ce type de mouvement crée une citoyenneté active, qui demande à l’État de rendre des comptes et en demande plus à la démocratie. Cela reste une excellente façon de faire évoluer le rapport entre l’Etat et les citoyens, qui se sentent concernés par la chose publique ».
Il y a aussi moyen d’inventer de nouvelles formes de représentations.
Majoritairement issus des quartiers les plus pauvres, les manifestants exigent d’autant plus la démission du chef de l’État que des entreprises qu’il dirigeait avant son entrée en politique ont été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant «au coeur d’un stratagème de détournement de fonds». Ces jeunes sont très politisés eux aussi. Et ils sont capables, à travers une mobilisation sociale décentralisée, de lancer des mots d’ordre internationaux .
Pour Natsacia, il est temps que la jeunesse se mobilise. « Le pays est à nous, dit-elle. On est plusieurs ici à avoir étudié à l’étranger, mais d’avoir décidé de revenir vivre chez nous. C’est notre droit de vivre dans un pays de droit, un pays stable, un pays qui condamne l’impunité, qui condamne les voleurs, en fait. »
Puisque les nouveaux pouvoirs sont transnationaux, les luttes et les organisations commencent à l’être aussi en Haiti.