« Dans un pays sans pouvoir judiciaire, sans pouvoir législatif, où tout est réduit à un président qui gouverne par décret : cela suffit pour dire que nous sommes en situation de dictature », a ajouté l’ancien secrétaire d’État aux personnes handicapées.
Se basant sur l’article 134-2 de la Loi mère pour insister sur la fin de son mandat le 7 février 2021, le chef de l’État, Jovenel Moïse est considéré depuis quelques mois par l’opposition politique et d’autres secteurs de la vie nationale comme un usurpateur du titre de président de la République. Pourtant, celui-ci persiste et signe à organiser un référendum constitutionnel. Un projet, constatons-nous, étouffé dans l’œuf, très contesté avant même sa réalisation.
Face à la volonté manifeste du premier citoyen constesté de la nation d’avancer dans cette aventure précaire, beaucoup de personnalités politiques et d’autres invitent le peuple haïtien à lancer un cri de détresse dans ce pays de toutes les privations, rongé notamment sous le règne du PHTK, par des crises politiques aiguës, de vie chère, d’inflation et d’insécurité.
« En plus du coup d’État du 7 février 2021 au pays, ce projet de référendum est un affront qui tend à aggraver la situation du peuple haïtien. Face à de tels agissements de Jovenel Moïse, nous ne pouvons pas rester les bras en croix et laisser la mort nous envahir chez-nous », a martelé le sénateur Patrice Dumont, soutenant que la Constitution n’accorde aucune possibilité au président de se lancer dans cette démarche de référendum.
« Nous demandons à toutes les personnalités politiques et de la société civile, bref, le pays tout entier, à se mettre debout comme un seul homme et d’une seule voix contre ce projet inacceptable. Nous invitons la population à manifester ses mécontentements dans toutes ses exigences dans la limite du respect de la loi », a déclaré le père conscrit qui paraît très acide par rapport à la façon dont l’héritier de Joseph Michel Martelly conduit la barque du pays depuis son intronisation à la magistrature suprême de l’État.
Le non-respect des dispositions de la Constitution
Le pouvoir exécutif souhaite l’adoption d’une nouvelle Constitution par un vote qui serait organisé le 27 juin. Un tel projet attise les critiques jusque dans le camp du président Jovenel Moïse, car la procédure choisie ne semble pas respecter les dispositions de l’actuelle Constitution.
Rédigé en 1987, après la chute de la dictature des Duvalier, le texte actuellement en vigueur déclare que « toute consultation populaire tenant à modifier la Constitution par voie de référendum est formellement interdite ».
La communauté internationale pointée du doigt
Contre Jovenel Moïse, le défilé s’est aussi voulu contre la communauté internationale, contre ce que les manifestants considèrent comme une ingérence des États-Unis et de l’ONU.
Un très large nombre de personnes ont défilé drapeau haïtien en main, mais une poignée a aussi arboré le tricolore russe et appelle même Vladimir Poutine à l’aide. « Vive Poutine, à bas les Américains », a scandé un groupe de jeunes militants dont l’un agitait une pancarte où figurait en créole « Biden, démocratie ne veut pas dire ingérence ».
Constitué majoritairement de jeunes, mais avec une présence remarquée de personnes âgées, le cortège a sillonné sans violence les grands axes de la capitale dimanche.