Sous le règne de la médiocratie, la moyenne devient une norme, le compromis domine : idées et hommes deviennent interchangeables. Il faut résister à la révolution anesthésiante, alerte le philosophe Alain Deneault.
C’est d’une « révolution anesthésiante » qu’il s’agit. Celle qui nous invite à nous situer toujours au centre, à penser mou, à mettre nos convictions dans notre poche de manière à devenir des êtres interchangeables, faciles à ranger dans des cases. Surtout ne rien déranger, surtout ne rien inventer qui pourrait remettre en cause l’ordre économique et social.
Le premier ministre Ariel Henry a reçu, lundi 28 mars, des signataires d’une pétition qui lui réclament des actions pour freiner l’insécurité sous toutes ses formes, phénomène qui ronge la vie en Haïti.
Une fois de plus, et il le fait bien, le chef du gouvernement a ouvert la boîte aux promesses et en a sorti de nouvelles.
Comme cela c’était passé les dernières fois qu’il avait rencontré des membres du secteur privé, en juillet et en octobre 2021, le Docteur Henry a joué l’apaisement en prescrivant des médicaments qui ne guérissent pas le mal dont souffre le pays mais qui aideront à passer le temps.
Ceux qui suivent attentivement les affaires haïtiennes estiment même que le neurochirurgien a donné des placebos aux patients.
S’il a reçu les membres des associations de la société civile porteurs de la pétition, le premier ministre n’a pas invité les organisateurs de la manifestation annoncée pour ce mardi 29 mars. Il laisse la rue aux excités de la société civile et offre du café dans un cadre douillet aux gens de papier et de plume de la société civile.
Le choix d’Ariel Henry est fait. Contre l’insécurité, il n’a pas mille solutions à proposer : des mots et encore des mots. Parole, parole, comme dit la chanson immortalisée par Dalida et Alain Delon.
Huit mois après son installation à la tête du pays, Ariel Henry et les différents ministres de ses gouvernements successifs n’ont encore mis de l’ordre dans aucun de nos désordres ni en ordre de marche aucune des institutions qui étaient à la traîne pendant la présidence de Jovenel Moïse.
Le pays et sa population, les amis d’Haïti et tous ceux que la question intéresse, assistent impuissants à l’impuissance d’un gouvernement et au vide que propose l’opposition.
35 ans après le vote de la Constitution de 1987, le pays n’a aucune solution de rechange prête à l’emploi et aucun candidat qui propose de faire mieux.
Les promesses d’Ariel Henry sont sans lendemain, mais il n’y a que ça sur le marché en cette fin du mois de mars 2022.