Le dirigeant du pays Jovenel Moïse, qui n’est plus reconnu depuis le 7 février comme légitime par l’opposition, affronte, avec l’évasion jeudi de 400 détenus d’une prison de Port-au-Prince, une situation sécuritaire catastrophique.
La mutinerie est venue lui rappeler à quel point le pays est hors de son contrôle. Jeudi, quelque 400 détenus se sont échappés d’une prison de la capitale, tuant 25 personnes dont le directeur. Ce fiasco met en lumière le bilan sécuritaire du président haïtien, Jovenel Moïse, 52 ans, sur un siège éjectable depuis trois semaines. Lui soutient que son mandat court jusqu’au 7 février 2022. Cet ancien PDG spécialisé dans l’exportation de bananes a été élu en 2015 lors d’un scrutin annulé pour fraudes, puis élu de nouveau un an plus tard.
Il n’y a plus de députés
Mais l’opposition, qui estime que son mandat de cinq ans date du premier scrutin et non de son entrée en fonction, ne le reconnaît plus comme le président légitime. Jovenel Moïse a eu beau clamer lundi devant le Conseil de sécurité de l’ONU que “la démocratie se portait bien en Haïti”, la situation semble lui échapper. Depuis le début du mois, la majorité des établissements scolaires de la capitale gardent porte close, accueillir les élèves étant perçu comme un soutien au pouvoir en place.
Depuis un an, Haïti n’a surtout plus de députés, et seul un tiers des sénateurs est toujours en fonction. La violence des gangs a même augmenté de plus de 200% en 2020, selon l’ambassadeur américain adjoint sur place, qui réclame d’organiser des élections “aussitôt que possible pour rétablir le rôle constitutionnel du Parlement”.