Depuis plus de deux (2) semaines des habitants de plusieurs quartiers de Port-au-Prince dont Martissant, bas Delmas et Cité Soleil paient les frais des affrontements entre gangs rivaux. La population civile enregistre : pertes en vie humaine, blessés, scènes de pillage et incendie. Les riverains sont livrés au bon dieu bon avec l’espoir de voir un miracle s’opérer. Entre temps, ils vivent l’enfer sous le regard passif du gouvernement haïtien qui regroupe des individus ayant tous les privilèges : deuxième résidence, voitures de service, salaires ainsi que d’innombrables frais pour s’occuper des concubins et concubines, épouses / époux et enfants à l’étranger.
De plus, la COVID est cette épée de Damoclès tendue au-dessus de la tête de la population civile qui, sans les solutions adéquates peut causer des dégâts irréparables. Le Ministère de la santé publique et de la population dit avoir enregistré une augmentation des cas d’infection et de décès en l’espace d’un mois. Les membres du comité scientifiques pour la gestion du coronavirus parlent de contamination communautaire. Pourtant, les autorités sanitaires n’envisagent aucune stratégie de sensibilisation pour à la fois informer la population sur les symptômes qui apparaissent chez les personnes infectées aux nouvelles variantes (brésilien et anglais) et les inciter à changer de comportement.
La population est donc, livrée à elle-même. Le gouvernement s’attend à ce qu’elle recourt aux modèles étendus des processus parallèles comme le propose Everett Rogers (2004) dans sa théorie à la motivation de protection. Selon cette théorie, l’intention de se protéger est une fonction multiplicative du jugement a) de la probabilité d’apparition de la menace ou vulnérabilité, b) de la sévérité de la menace et c) de l’efficacité des recommandations proposées. La combinaison de ces trois variables cognitives éveille la motivation à la protection qui, à son tour, favorise l’adoption des recommandations proposées dans le message.
Une théorie que la population a mis en application en mars 2020 au début de la pandémie de coronavirus. Elle s’est tournée vers les plantes médicinales pour soigner les personnes infectées et du coup prévenir toute possibilité d’infection. Cette motivation à la protection a également été mis en application lors des vagues de kidnapping contre rançon. Certains secteurs ont élaboré des guides de sécurité. Le cas échéant, les riverains ont placé des barricades de pneus enflammés dans certains quatiers pour forcer les kidnappeurs à libérer leurs proches en raison de l’incapacité des forces de l’ordre à garantir la sécurité des vies et des biens.
Depuis une semaine, la pénurie de carburant vient de s’ajouter à cette longue liste de péripétie que connait les conducteurs et les propriétaires d’entreprises. Les affrontements entre gangs armés constituent l’une des principales causes de cette pénurie en raison de l’inaccessibilité aux deux seuls terminaux de stockage de gaz en Haiti sis à Varreux et Thor respectivement à Cité Soleil et à Carrefour.
Sur le plan économique, la gourde continue de perdre sa valeur par rapport au dollar américain. Ce, malgré les innombrables millions de dollars américains que la Banque de la République d’Haiti a injecté sur le marché de change.
L’initiative de « Haitian American Diaspora Council » (HADIC) Conseil Haïtiano-Américain de la Diaspora), annonce du 18 au 20 juin la suspension de tout transfert d’argent vers Haiti. Une décision est émise dans le but d’exiger que les transferts soient payés en dollar américain comme auparavant et non en gourde selon les dispositions de la banque de la République d’Haiti.
Le tableau dépeint est sombre. Le pays est miné par diverses crises qui mènent indubitablement vers le chaos. Plusieurs secteurs de la société civile ne cachent pas leurs inquiétudes. Pourtant, le gouvernent haïtien est clame et passif. Il s’en fiche pas mal de la catastrophe qui se dessine à l’horizon. Son silence est complice. Il n’y a que le referendum et les élections qui comptent en dépit des nombreuses contestations. Entre temps, la population meurt à petit feu et le pays s’enfonce au jour le jour dans le chaos.
Joubert Rochefort